L’intelligence artificielle est de plus en plus utilisée dans les entretiens d’embauche. Certaines entreprises l’intègrent dans la phase de présélection, d’autres dans l’analyse des échanges vidéo. Ce développement repose sur plusieurs arguments : gain de temps, objectivité, structuration du processus. Mais ces usages ne sont pas sans effets secondaires. Cinq promesses, cinq points de vigilance.
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1. Réduire le temps consacré à la présélection
Avantage. L’un des avantages immédiats de l’automatisation est la possibilité de traiter un volume important de candidatures. L’IA trie les CV, classe les profils, extrait les éléments saillants. Elle peut aussi gérer la prise de rendez-vous et envoyer des relances.
Inconvénient. Ce fonctionnement permet de raccourcir les délais, mais il repose sur des filtres rigides. Les profils non standards, qui ne correspondent pas aux critères formels prédéfinis, sont souvent écartés dès le départ. Les parcours atypiques ou discontinus peuvent ainsi être ignorés, sans qu’aucun regard humain ne soit porté sur eux.
2. Introduire une évaluation comportementale automatisée
Avantage. Certains outils proposent d’analyser la manière dont un candidat s’exprime en entretien. Cela inclut le ton de la voix, le rythme de parole, le vocabulaire utilisé, voire les expressions du visage ou les gestes.
Inconvénient. Ces systèmes visent à détecter des indicateurs de leadership, de rigueur ou d’adaptabilité. Mais les fondements méthodologiques sont souvent peu transparents. Les variations culturelles ou individuelles ne sont pas prises en compte. Une personne réservée peut être pénalisée. Une expression faciale interprétée comme un signe de stress peut, en réalité, être neutre. La marge d’erreur reste élevée.
3. Limiter les biais humains dans la sélection
Avantage. L’un des arguments les plus répandus est la capacité de l’IA à éviter les biais subjectifs. Les algorithmes appliquent les mêmes critères à tous les candidats, sans considération d’âge, de genre ou d’origine.
Inconvénient. Ce principe suppose que les données d’entrée soient neutres. Or, dans de nombreux cas, les outils d’IA sont formés à partir de décisions humaines passées. Si ces décisions étaient biaisées, le système apprend à les reproduire. Le risque n’est donc pas de faire mieux, mais de stabiliser les biais existants, tout en leur donnant une apparence de neutralité.
4. Standardiser le parcours candidat
Avantage. L’intégration d’outils automatisés peut faciliter l’expérience côté candidat. Les échanges sont plus rapides, les étapes sont claires, les retours sont plus systématiques. Cela contribue à une forme de transparence dans la procédure.
Inconvénient. Cette fluidité est souvent obtenue au prix d’un appauvrissement de la relation. De nombreux candidats interagissent avec des interfaces automatisées, sans contact humain direct avant la fin du processus. Cela peut affecter leur perception de l’entreprise. L’absence de dialogue réel limite aussi leur capacité à exprimer des éléments qui n’entrent pas dans les cases prévues.
5. Renforcer la traçabilité des entretiens
Avantage. Les plateformes d’entretien assistées par IA produisent des données exploitables : scores, comparaisons, historiques de décisions. Cela permet une meilleure structuration des processus, notamment dans les entreprises qui doivent justifier leurs choix à des fins juridiques ou internes.
Inconvénient. Mais cette logique conduit à privilégier ce qui est mesurable. L’argumentation, la nuance ou la capacité d’adaptation deviennent secondaires si elles ne peuvent pas être codées. Certaines décisions sont prises sur la base de modèles algorithmiques dont les utilisateurs ne maîtrisent ni la logique ni les critères exacts. Cela pose des questions de responsabilité et de transparence.
