Combien gagne François Bayrou ?

Trois logements, voiture avec chauffeur, sécurité à vie… Le coût réel du Premier ministre dépasse largement sa seule rémunération.

Rémunération, avantages, privilèges : combien coûte un Premier ministre ? En 2025, la fonction reste l’une des plus exposées de la République. Mais derrière la responsabilité politique se cachent aussi un ensemble de rémunérations et d’avantages qui interrogent, tant par leur ampleur que par leur persistance. Si le niveau de salaire est comparable à celui du président de la République, les facilités matérielles et les privilèges à vie suscitent un débat récurrent sur la transparence et la sobriété de l’État.

Un salaire stable

Le chef du gouvernement français, François Bayrou, perçoit en 2025 une rémunération brute mensuelle d’environ 16 038 euros, répartie comme suit :

  • Traitement de base : 12 457 euros, indexés sur le point d’indice de la fonction publique ;
  • Indemnité de résidence : 3 % du traitement de base, soit 374 euros ;
  • Indemnité de fonction : 25 %, soit environ 3 207 euros.

Le montant net perçu chaque mois est estimé à 12 387 euros. Cette rémunération place le Premier ministre au même niveau que le président de la République. Toutefois, elle demeure inférieure à celle de plusieurs homologues européens, notamment en Allemagne, où le chancelier perçoit environ 25 000 euros brut par mois.

Résidences, déplacements, sécurité : un appareil logistique complet

Au-delà de la rémunération, les avantages en nature liés à la fonction de Premier ministre constituent un dispositif logistique de grande ampleur.

Le titulaire du poste bénéficie de trois logements de fonction :

  • L’Hôtel de Matignon, à Paris, comme résidence principale ;
  • Le château de Souzy-la-Briche, propriété d’État, utilisé comme résidence secondaire ;
  • Un troisième logement, réservé à l’usage personnel ou familial.

Ce privilège est d’autant plus notable que les autres ministres ne disposent que d’un seul logement de fonction. S’y ajoutent un véhicule avec chauffeur, un accès privilégié aux avions de type Falcon et aux hélicoptères de la flotte gouvernementale, ainsi que l’usage gratuit de la SNCF en première classe pour tous les déplacements.

Une enveloppe de frais de représentation complète ce dispositif : jusqu’à 150 000 euros par an, destinée à couvrir réceptions, missions officielles et dépenses annexes. La sécurité du chef du gouvernement est assurée par une protection policière rapprochée permanente.

Un « parachute » garanti, même après un mandat court

La fin d’un mandat à Matignon ne marque pas nécessairement la fin des facilités accordées par l’État. À son départ, le Premier ministre perçoit une prime de fin de fonction équivalente à trois mois de salaire brut, soit environ 48 000 euros.

Cette indemnité est versée quelle que soit la durée ou les raisons de la fin du mandat, à condition que le bénéficiaire ne reprenne pas d’activité rémunérée dans les trois mois suivant son départ. Ce dispositif vise à sécuriser une période de transition professionnelle ou politique.

Des avantages contestés, mais confirmés par le budget 2025

Les anciens Premiers ministres français continuent de bénéficier, une fois leur mandat achevé, d’un ensemble d’avantages matériels et humains financés par l’État :

  • Une voiture avec chauffeur, à vie ;
  • Un à deux collaborateurs, dont les salaires sont pris en charge jusqu’à 67 ans. Passé cet âge, un collaborateur peut être maintenu à la demande ;
  • Une protection policière à vie ;
  • Le remboursement de certains frais de fonctionnement, selon les statuts et les fonctions exercées.

Ces dispositifs ont été reconfirmés dans la loi de finances 2025, malgré les critiques récurrentes sur leur coût et leur pertinence. En 2023, la facture annuelle des avantages alloués aux anciens Premiers ministres s’est élevée à 1,42 million d’euros, soit une hausse de 11 % par rapport à l’année précédente.

Transparence et exemplarité : les limites du modèle français ?

Les anciens Premiers ministres ne bénéficient pas d’une retraite spécifique liée à leur fonction, mais peuvent toucher une pension de la fonction publique s’ils ont eu une carrière d’administrateur ou d’élu. Les avantages matériels cessent en cas de reprise d’un mandat ou d’une fonction publique équivalente, mais nombre d’anciens Premiers ministres choisissent de les conserver tout en exerçant des activités privées.

Le débat sur la nécessité de ces privilèges revient régulièrement dans l’espace public. Si certains plaident pour la dignité attachée à la fonction et pour la continuité de l’État, d’autres dénoncent une forme de rente d’État incompatible avec les exigences de sobriété budgétaire et d’exemplarité.

La France reste, à cet égard, dans une position médiane, entre des modèles nordiques plus stricts et d’autres régimes parlementaires où les anciens chefs de gouvernement conservent également des avantages considérables. La question reste donc ouverte : où tracer la frontière entre reconnaissance institutionnelle et privilèges d’un autre temps ?


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