Née comme une plateforme de vide-dressing entre particuliers, Vinted s’est métamorphosée en un véritable carrefour économique. En France, elle attire aujourd’hui plus de 31 millions de visiteurs par mois, faisant de l’Hexagone le premier marché d’Europe pour l’application. Et si de nombreux utilisateurs y écoulent occasionnellement leurs vêtements, d’autres y voient une source de revenus durable.
A LIRE AUSSI
Achat-revente Vinted : un business qui cartonne
« Je réalise jusqu’à 3 000 euros de bénéfices par mois, uniquement via la revente sur Vinted », affirme Sarah, 29 ans, revendeuse à temps plein. Comme elle, des centaines de Français se sont professionnalisés dans l’achat-revente, avec une méthode en trois temps : acheter à prix bas, revendre à prix optimisé, puis réinvestir pour élargir leur stock. Ce mécanisme, appelé arbitrage, repose sur une observation rigoureuse du marché et une réactivité à toute épreuve.
Comment fonctionne le modèle économique des revendeurs ?
L’achat-revente sur Vinted suit une logique quasi-entrepreneuriale. Tout commence par un approvisionnement stratégique. Les revendeurs scrutent les plateformes de vente, les friperies, les dépôts-ventes, les grossistes ou même Vinted lui-même, à la recherche de pièces sous-cotées. L’objectif : acheter un article de qualité, en bon état, à un prix très inférieur à sa valeur perçue sur la plateforme.
Une fois le produit acquis, il s’agit de le mettre en valeur : photos professionnelles, descriptions précises, titres optimisés. Les meilleurs vendeurs s’appuient aussi sur les outils payants de Vinted pour booster la visibilité de leurs annonces dans les résultats de recherche.
Enfin, les bénéfices sont réinvestis immédiatement, souvent dans un volume plus important. Certains achètent pour plus de 1 000 euros par jour, espérant un retour sur investissement doublé ou triplé.
Ce qui se vend (très) bien sur Vinted
Les revendeurs aguerris ne se lancent pas au hasard. Ils ciblent des segments à forte demande et faible concurrence. En 2025, les vêtements de marque restent les plus prisés : Nike, Zara, Levi’s, Adidas, mais aussi des griffes plus haut de gamme comme Ralph Lauren ou Tommy Hilfiger.
« Les accessoires vintage (sacs à main, montres, bijoux) affichent une demande soutenue, tout comme les sneakers de marque (Veja, Converse, Doc Martens), qui se revendent parfois en quelques minutes, explique Virgine, vendeuse expérimenté (plus de 1500 article vendus depuis 2024). Le marché de l’enfant, souvent négligé, constitue également une niche rentable grâce à un renouvellement constant de la demande. »
Mais la clef, selon plusieurs revendeurs interrogés, est de se spécialiser. « Mieux vaut maîtriser à fond deux ou trois catégories de produits que de se disperser. L’idéal est de pouvoir identifier une bonne affaire en quelques secondes », conseille Maxime, 33 ans, revendeur à temps partiel.
Les coulisses de l’approvisionnement : fripes, lots et négociations
Pour dégager des marges intéressantes, les professionnels cherchent à acheter en gros ou à prix cassé. Les friperies traditionnelles et les vide-greniers restent des terrains de chasse efficaces, mais des réseaux parallèles se développent : groupes Facebook, marchands spécialisés, ou même alertes sur Vinted.
Un exemple parlant : une doudoune Ralph Lauren achetée 30 € sur Vinted, puis revendue 110 € quelques jours plus tard, après une simple retouche photo. Ce type d’opération nécessite une parfaite connaissance des tendances, mais aussi une capacité à réagir vite, voire automatiquement.
Bots, apps et automatisation : la tech au service du resell
Le monde de la revente ne se limite plus à une connexion ponctuelle depuis son téléphone. Il s’est doté de véritables outils professionnels, parfois très onéreux, qui font la différence entre amateur et pro.
Parmi les plus utilisés figure Souk (ex-Vintalert), une application qui envoie des notifications instantanées dès qu’un article correspondant à certains critères est mis en ligne. Sa version premium, facturée jusqu’à 99 € par mois, permet même un achat automatique des articles ciblés.
Autre outil prisé : Distrobot, accessible via Discord, qui propose une interface plus technique mais particulièrement efficace pour cibler des niches spécifiques. Sa promesse : quadrupler le capital investi en quinze jours. Enfin, Vinz, une extension Chrome française, facilite la re-publication automatisée des annonces pour booster leur visibilité.
Optimiser ses ventes : mots-clés, images et stratégie tarifaire
Dans un marché saturé, la visibilité est cruciale. Les revendeurs professionnels soignent chaque détail de leurs annonces. Les photos sont prises en lumière naturelle, sur fond neutre, souvent avec des mannequins pour donner du contexte.
Les titres sont pensés comme des requêtes SEO : “Robe Zara noire Taille M Neuve” est plus performant que “Belle robe”. Les descriptions mentionnent la marque, la taille, l’état, la coupe, l’origine, et souvent un détail émotionnel : “édition limitée”, “portée une fois”, “introuvable”.
Enfin, les tarifs sont fixés en connaissance du marché. Certains vendent légèrement en dessous des autres annonces similaires pour attirer l’attention, puis utilisent les options payantes de Vinted (“Boost”, “Armoire en vitrine”) pour gagner en visibilité sur des produits à forte marge.