Alors que l’inflation s’est stabilisée à +2,0 % en 2024 selon l’Insee, nombre de foyers français peinent toujours à équilibrer leur budget. Pour eux, la plateforme Vinted n’est plus un simple vide-dressing numérique, mais un véritable levier économique. En revendant des vêtements de seconde main, les utilisateurs peuvent économiser jusqu’à 90 euros par mois. D’après une étude interne, 77 % d’entre eux accèdent ainsi à des articles autrement inaccessibles.
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Avec plus de 23 millions d’inscrits dans l’Hexagone, Vinted dépasse aujourd’hui Amazon et Shein sur le marché de l’habillement. Sa croissance fulgurante s’appuie sur un modèle logistique intégré — 1 500 points de retrait, son propre service de livraison Vinted Go — et une réduction de 62 % des émissions carbone liées à l’acheminement des colis. L’achat-revente s’impose comme un réflexe de consommation, mais aussi comme un maillon fort de l’économie circulaire française.
Achat-revente Vinted : entre stratégie de survie et opportunité économique
Derrière chaque annonce se cache une réalité sociale. La génération Z, fer de lance de cette tendance, y voit une opportunité de revenus. Timothé, 18 ans, étudiant à Clermont-Ferrand, revend des vêtements Carhartt dénichés à bas prix et génère jusqu’à 1 900 € par mois. Corentin, 20 ans, stocke plus de 600 articles dans son salon transformé en dépôt.
Mais les profils sont variés : parents en quête d’économie, actifs précaires ou personnes en reconversion professionnelle. Près de 46 % des vendeurs actifs utilisent leurs gains pour couvrir des dépenses essentielles. La tranche des 36-45 ans représente à elle seule un quart des utilisateurs français. Pour certains, Vinted devient un filet de sécurité, voire un complément de salaire structurant.
La montée en puissance de pratiques semi-professionnelles
Sous ses airs d’échange entre particuliers, Vinted héberge désormais une véritable économie parallèle. Les vendeurs les plus performants — surnommés power sellers — exploitent des outils dignes de l’e-commerce professionnel. Des bots comme Souk (ex-Vintalert) permettent de repérer en temps réel les bonnes affaires et d’acheter automatiquement. Sur des forums Discord ou Telegram, des communautés échangent des stratégies d’optimisation, des mots-clés performants ou des tendances de prix.
La réussite repose sur trois piliers : sourcing stratégique, visibilité soignée, et maîtrise de la négociation. Photos en haute définition, descriptions enrichies, offres personnalisées : les vendeurs investissent (jusqu’à 300 € dans un studio portable) pour booster leurs ventes. Les produits stars de 2024 ? Jeans Levi’s vintage, polos Ralph Lauren unis, sneakers Nike Air Max 90 ou doudounes Canada Goose — en forte demande selon les saisons.
Achat-revente Vinted : la fisc surveille
Face à cette professionnalisation, les autorités ont réagi. Depuis l’application de la directive européenne DAC7, Vinted est tenu de transmettre les revenus des vendeurs dépassant 2 000 € par an ou 30 transactions. Résultat : les contrôles fiscaux ont augmenté de 40 % en 2024. En réponse, 12 % des vendeurs récurrents ont adopté le statut d’auto-entrepreneur, acceptant ainsi 22 % de cotisations sociales.
La plateforme est aussi confrontée à la lutte contre les contrefaçons. En 2023, plus de 2 millions d’annonces ont été supprimées pour suspicion de fraude, notamment sur les sacs de luxe. 55 % des acheteurs de produits haut de gamme affirment avoir reçu un article non authentique. Par ailleurs, 34 % des utilisateurs réguliers dénoncent une « professionnalisation excessive », perçue comme une trahison de l’esprit originel de Vinted.