Paris-Marseille à 27 € : Trenitalia défie la SNCF

27 € pour relier Paris à Marseille en TGV ? C’est la promesse choc de Trenitalia face à la SNCF. Mais pour combien de temps ?

La compagnie italienne Trenitalia lance, le 15 juin, son service à grande vitesse entre Paris et Marseille avec des billets dès 27 euros. Une offensive tarifaire qui bouscule le monopole historique de la SNCF sur cet axe majeur, et pourrait changer durablement les habitudes de voyage.

Trenitalia casse les prix sur la ligne Paris-Marseille

Le 15 juin prochain, un Paris-Marseille coûtera potentiellement moins qu’un plein d’essence : 27 euros pour un billet à bord du train Frecciarossa de Trenitalia. Un tarif qui frappe les esprits, sur une ligne historiquement chère, où le prix moyen chez la SNCF avoisine encore les 100 euros. Cette nouvelle offre low-cost mais haut de gamme marque l’entrée de la compagnie italienne sur l’un des axes ferroviaires les plus fréquentés et rentables de France. Après les lignes Paris-Lyon et Paris-Milan, Trenitalia poursuit ainsi son implantation stratégique sur le territoire français, avec une ambition claire : conquérir des parts de marché sur un terrain jusque-là quasi exclusivement dominé par la SNCF.

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Un marché ferroviaire français ouvert à la concurrence

Ce lancement intervient dans un contexte de libéralisation accélérée du marché ferroviaire français, et particulièrement de ses lignes à grande vitesse. L’axe Paris-Marseille, desservi par le TGV Méditerranée depuis 2001, s’apprête à accueillir une triple concurrence inédite. Outre Trenitalia, la compagnie espagnole Renfe prévoit d’y opérer deux allers-retours quotidiens dès cette année, aux côtés de la SNCF, l’opérateur historique.

Trenitalia prévoit de proposer quatre allers-retours quotidiens à compter du 15 juin. Ses trains relieront Paris Gare de Lyon à Marseille Saint-Charles, avec des arrêts à Lyon Saint-Exupéry, Avignon TGV et Aix-en-Provence TGV. Un maillage serré, qui vise à capter à la fois le flux touristique et les voyageurs d’affaires.

Des tarifs bas rendus possibles par des aides ferroviaires spécifiques

Proposer des tarifs aussi agressifs ne relève pas seulement d’une stratégie commerciale audacieuse : c’est aussi rendu possible par un mécanisme de soutien économique spécifique. Trenitalia bénéficie en effet d’un système de tarification différenciée sur les péages ferroviaires, qui permet de réduire significativement les coûts d’accès au réseau français.

Révélée par le syndicat Sud-Rail et validée par l’Autorité de régulation des transports (ART), cette aide publique vise à corriger les désavantages structurels auxquels font face les nouveaux entrants sur un marché historiquement verrouillé. En chiffres, cela représente jusqu’à 30 millions d’euros d’économie pour Trenitalia, grâce à une réduction de 28 % sur les péages en 2025, ramenée progressivement à 10 % en 2028. Sans ce levier, il serait difficile d’atteindre des prix plancher à 27 euros tout en proposant un niveau de service élevé.

Confort, horaires et impact écologique

Trenitalia propose également une offre horaire adaptée et un confort différencié à bord de ses trains Frecciarossa 1000, réputés pour leur design et leur performance.

Au départ de Paris, les trains partiront à 05h55, 11h15, 14h26 et 19h04. Depuis Marseille, les départs auront lieu à 06h52, 09h53, 15h40 et 18h49. Ces horaires, répartis tout au long de la journée, permettent notamment aux professionnels d’effectuer un aller-retour dans la journée — un critère décisif pour les voyageurs d’affaires.

Côté service, trois classes sont proposées : Standard, à partir de 27 euros, Business, à partir de 37 euros, et Executive, à partir de 180 euros, avec service à la place. Tous les passagers bénéficient du WiFi gratuit, de prises électriques individuelles, de sièges inclinables et de larges espaces pour les bagages. Une montée en gamme qui distingue Trenitalia de certains services low-cost tout en conservant une politique tarifaire agressive.

Derrière cette offensive commerciale, Trenitalia met aussi en avant sa performance environnementale, un argument désormais central dans les choix de mobilité. Son train-phare, le Frecciarossa 1000, est le premier train à grande vitesse certifié EPD (Environmental Product Declaration) en Europe.

Ses émissions de CO₂ sont limitées à 28 microgrammes par passager-kilomètre, un niveau exceptionnellement bas dans le secteur. La construction des rames intègre également 94 % de matériaux recyclables, dans une logique d’économie circulaire revendiquée. Alors que l’aviation reste très présente sur l’axe Marseille-Paris, cette promesse verte pourrait convaincre une partie croissante des voyageurs soucieux de leur impact écologique.


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