Fondée fin 2020 dans les Bouches-du-Rhône, Eyco est le fruit de la vision d’Éric Eymard, ingénieur et entrepreneur, déterminé à relocaliser en France des compétences industrielles stratégiques. L’entreprise, qui compte aujourd’hui une cinquantaine de salariés, s’inscrit dans une dynamique de réindustrialisation. Elle développe et fabrique des microcircuits intelligents, appelés aussi smart circuits, destinés à des secteurs de haute technologie.
Des microcircuits nouvelle génération
Au cœur de la proposition de valeur d’Eyco : des microcircuits souples, de très petite taille, capables d’assurer des fonctions de communication, de détection ou encore de transfert d’information via les courants électriques.
Ces composants peuvent servir à fabriquer des antennes, des capteurs environnementaux ou encore des électrodes intégrées dans des dispositifs médicaux. Conçus pour être intégrés dans des systèmes embarqués ou des objets connectés, ils traduisent des signaux physiques (eau, gaz, température) en données électriques, prêtes à être traitées.
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Des débouchés multiples, du médical à la sécurité
Eyco cible un large spectre d’applications. Ses microcircuits peuvent être intégrés dans des cartes bancaires, titres d’identité, systèmes de contrôle d’accès, patchs médicaux ou encore bracelets connectés. Ils intéressent tant les grands groupes que les PME du secteur de la microélectronique ou de la santé connectée.
En octobre 2024, Eyco a franchi un cap stratégique en inaugurant son site industriel à Trets, au cœur de la zone d’activité de La Burlière. D’une surface de 3 700 m², l’usine se veut exemplaire par son niveau d’intégration technologique et son engagement environnemental. Capable de produire jusqu’à plusieurs centaines de millions de pièces par an, elle concrétise l’ambition de passer à l’échelle industrielle.
Un modèle industriel basé sur le co-développement
À la différence de nombreux acteurs du secteur, Eyco ne propose aucun produit standardisé. Son modèle repose sur le co-développement : l’entreprise conçoit les circuits en collaboration étroite avec ses clients, puis prend en charge leur production en série. Eyco n’est pas propriétaire des designs, mais met à disposition ses capacités de fabrication et son expertise en transformation de matériaux.
Ce modèle exigeant permet d’adresser des projets complexes, parfois étalés sur plusieurs années. Certains développements actuellement en R&D ne verront le jour qu’en 2027 ou 2029.
Une innovation incrémentale, pilotée par l’usage
Pour renforcer sa compétitivité, Eyco mise sur une innovation incrémentale, c’est-à-dire l’amélioration continue de son procédé industriel. L’entreprise développe des briques technologiques modulables, adaptables à chaque client. Elle a également conçu des équipements de photolithographie spécifiques à ses besoins, et recourt à des procédés chimiques ou électrochimiques en milieu aqueux pour déposer ou retirer les matériaux sur les circuits.
Dans un secteur historiquement très consommateur d’eau et de produits chimiques, Eyco fait figure d’exception. Son site industriel vise le zéro rejet, grâce à une recyclabilité totale des eaux industrielles utilisées. L’entreprise a mis au point une chaîne d’épuration intégrée, combinée à des procédés sobres en eau, comme l’évaporation sous vide.
L’ambition est claire : montrer qu’une industrie microélectronique plus respectueuse de l’environnement est non seulement possible, mais viable économiquement.
Un projet soutenu par l’État et les territoires
Pour passer du prototype à la production industrielle, Eyco a levé 16 millions d’euros fin 2023 / début 2024. Le financement a été assuré par des acteurs publics et privés : le fonds SPI 2 géré par Bpifrance dans le cadre de France 2030, Région Sud Investissement, le Crédit Agricole Alpes Provence, et des investisseurs privés spécialistes du secteur.
L’État a soutenu le projet à hauteur de 20 % de l’investissement global, notamment pendant la crise sanitaire, permettant de mener à bien la construction du site industriel en moins de quatre ans.
Une culture d’entreprise axée sur l’apprentissage
Eyco revendique une culture « apprenante », au service du développement personnel de ses collaborateurs. L’entreprise forme ses opérateurs sur près de neuf mois, en partenariat avec l’UIMM. Son objectif : favoriser la montée en compétences, l’épanouissement professionnel et la polyvalence dans un environnement technologique en constante évolution. Le site est conçu pour accueillir jusqu’à 100 salariés à terme.
À moyen terme, Eyco entend devenir une référence européenne dans le domaine des microcircuits. Le marché mondial est aujourd’hui dominé par l’Asie, tandis que l’Europe ne pèse que moins de 1 %. Pour Éric Eymard, il est urgent de reprendre la main sur des savoir-faire stratégiques, en montrant que l’on peut produire en France, avec un haut niveau d’exigence écologique et technologique.