Le camping, ce fut longtemps le dernier rempart des vacances accessibles. Un terrain nu, une tente, une glacière, et la liberté. Mais ce bastion populaire vacille. À la place des petites structures familiales ou municipales, ce sont désormais des « resorts » déguisés en campings, où mobile homes climatisés, parcs aquatiques et animations sponsorisées dictent la loi du marché.
En vingt ans, 1 600 campings ont disparu. Pas les 5 étoiles à 1 200 € la semaine. Les campings à 20 € la nuit. Les terrains où les familles modestes pouvaient encore souffler. Aujourd’hui, ces lieux sont rachetés, rationalisés, rentabilisés. Les emplacements nus, moins rentables, sont méthodiquement supprimés. Un mobile home rapporte dix fois plus. La logique est implacable.
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Les grands groupes, soutenus par les fonds d’investissement, transforment un droit populaire en produit de luxe. Et l’État regarde ailleurs, pendant que les plus modestes sont relégués aux marges du loisir. Vacaf sauve quelques meubles, mais ne compense pas l’éviction. On ne campe plus, on consomme.
Sous couvert d’évolution des attentes, c’est l’exclusion sociale qui s’installe. L’effacement d’un monde simple, fraternel, rustique. Le camping n’était pas un luxe, c’était un souffle. À force de l’enrober de marketing, on l’étouffe.
Il est temps de poser une question claire : les vacances sont-elles un droit pour tous, ou un business pour quelques-uns ? Le camping populaire mérite mieux que de finir bradé aux logiques financières. Il mérite d’être défendu. Parce qu’il incarne un droit à l’évasion, pour celles et ceux que la société oublie déjà trop souvent.