Les expatriés français aux États-Unis dans le collimateur de Trump

Avec une surtaxe pouvant atteindre 20 %, la réforme fiscale américaine voulue par Trump menace directement les intérêts des expatriés français aux États-Unis.

La guerre économique entre les États-Unis et l’Europe a longtemps privilégié les tarifs douaniers. Elle pourrait désormais changer d’arme — et de cible. Si les Républicains parviennent à faire adopter leur réforme budgétaire, c’est la fiscalité qui servira de champ de bataille. Et dans cette nouvelle croisade, les expatriés français pourraient bien devenir des dommages collatéraux.

Un impôt de représailles, façon bulldozer

L’esprit du texte est limpide : pénaliser les ressortissants et entreprises originaires de pays jugés hostiles à la fiscalité américaine. En clair, ceux qui osent taxer les géants du numérique ou soutenir l’impôt mondial minimum. La France cumule les deux torts, avec sa taxe Gafa et l’entrée en vigueur de l’impôt à 15 % sur les bénéfices des multinationales. Résultat : elle se retrouve en tête de liste pour une nouvelle surtaxe sur les revenus générés aux États-Unis.

L’outil ? Une taxe additionnelle, de 5 % dès l’an prochain, qui pourrait grimper jusqu’à 20 %. Le tout appliqué à une assiette XXL : salaires, dividendes, plus-values, loyers… rien n’échappe. Même le petit actionnaire français d’Apple passerait à la caisse.

A LIRE AUSSI
Comment Trump a fait plier Sanofi

L’Amérique, nouveau paradis fiscal… pour les Américains

Ce qui frappe, c’est la brutalité assumée du mécanisme. Il ne s’agit plus d’une dispute technique sur les bases d’imposition. C’est une logique de punition. Le fisc américain se transforme en instrument politique, avec une logique implacable : protéger les champions nationaux, frapper ceux qui veulent réécrire les règles du jeu mondial quitte à bousculer les conventions internationales et d’alourdir la note pour des dizaines de milliers de contribuables étrangers.

Pour les Français installés aux États-Unis, le risque devient bien réel. Salariés d’une entreprise locale, entrepreneurs, travailleurs indépendants, investisseurs ou simples détenteurs de parts… tous pourraient être concernés. Et dans un système fiscal déjà peu favorable aux étrangers, cette surtaxe supplémentaire pourrait faire déborder le vase.

D’autant que le texte, dans sa dernière version, ferme toute porte à la négociation. Pas de clause d’ajustement, pas de possibilité pour le Trésor de moduler l’application. Le couperet tomberait, automatique, mécanique.

Quitter les Etats-Unis ?

La conséquence la plus prévisible pourrait être un ralentissement des flux d’investissement et un désintérêt croissant pour le marché américain de la part de certains expatriés ou entreprises européennes. Le rêve américain ? Moins accessible quand il est surtaxé à 20 %.

C’est un paradoxe : en prétendant défendre leur souveraineté fiscale, les États-Unis risquent d’ériger une barrière invisible mais redoutable à l’entrée de capitaux et de talents étrangers. Le repli fiscal pourrait bien précéder — ou provoquer — un repli économique.

Reste une question : jusqu’où l’Europe laissera-t-elle faire ? Si la surtaxe entre en vigueur, ce serait une entorse majeure aux principes de non-discrimination des traités fiscaux. Mais réagir suppose une volonté politique, et une coordination qui fait encore défaut sur le Vieux Continent.


Partagez votre avis