La finale de la Ligue des champions qui oppose le Paris Saint-Germain à l’Inter Milan ne couronnera pas qu’un vainqueur sportif : elle mettra face-à-face deux façons de bâtir un club de football à succès, l’une portée par des moyens colossaux, l’autre par une gestion au cordeau.
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En 2023-2024, Paris a généré 806 millions d’euros de revenus, seulement devancé en Europe par le Real Madrid et Manchester City. Le cœur de cette manne se trouve hors des terrains : 391 millions viennent des sponsors, du merchandising ou des loges, et 170 millions de la billetterie. Chaque place du Parc des Princes – 48 000 sièges – rapporte en moyenne 3 200 euros sur la saison, un record continental. Résultat : le club vaut aujourd’hui environ 4,4 milliards de dollars.
Ces recettes ont permis de réduire la voilure salariale après les départs de Messi, Neymar puis Mbappé : la masse salariale brute est retombée à 197 millions d’euros, contre plus de 260 millions deux ans plus tôt. Paris reste toutefois près de la limite fixée par l’UEFA, qui interdit de dépenser plus de 80 % de ses revenus en salaires et amortissements ; le ratio parisien tourne encore autour de 83 %.
Inter Milan : l’ère de la rigueur payante
L’Inter, longtemps plombé par les dettes, a changé de propriétaire en mai 2024 : le fonds américain Oaktree a repris le club et imposé une discipline budgétaire stricte. Le chiffre d’affaires a bondi à 473 millions d’euros, un record, tandis que les pertes ont fondu à 36 millions. Avec 206 millions d’euros de salaires bruts, les Nerazzurri demeurent l’équipe la plus coûteuse de Serie A, mais leur ratio coûts-revenus s’est abaissé à environ 73 %, en conformité avec les règles européennes.
La Ligue des champions a joué le rôle de locomotive : avant même la finale, le parcours milanais a rapporté 133 millions d’euros, dont 25 millions grâce aux soirées à guichets fermés contre le Bayern et Barcelone. Sur le marché des clubs, l’Inter pèse désormais autour d’un milliard de dollars – loin des sommets parisiens, mais bien au-delà des 600 millions d’il y a trois ans.
Deux modèles, un même plafond réglementaire
Là où Paris mise sur la force de sa marque mondiale pour compenser la baisse des droits télé français (le contrat Ligue 1 est tombé à 500 millions d’euros par saison), Milan dépend encore beaucoup des 900 millions par an que la Serie A perçoit auprès de DAZN et Sky, et surtout des primes UEFA. Pour les deux clubs, la règle des 80 % de l’UEFA est devenue le nouveau garde-fou : plus question d’aligner des contrats extravagants sans augmenter les revenus.
Une finale aux répercussions sonnantes et trébuchantes
Soulever la coupe offrirait à Paris le sacre qui manque à son projet galactique et renforcerait sa quête d’un stade plus grand : le Parc, trop petit, limite la progression des recettes. Pour l’Inter, la victoire apporterait 10,5 millions d’euros immédiats, un billet pour la Supercoupe d’Europe et surtout pour le nouveau Mondial des clubs 2025 ; l’ensemble pourrait gonfler les revenus de quelque 40 millions, accélérant le financement d’un nouveau stade dans la banlieue de Rozzano.
Le verdict de Munich dira donc si la voie la plus sûre vers les sommets passe par la puissance financière et le marketing planétaire, ou par une gestion millimétrée et des choix sportifs gagnants. Une chose est sûre : en 2025, l’économie du football compte autant que la tactique pour décrocher la victoire.