Comment Trump a fait plier Sanofi

Sanofi muscle ses sites américains pour produire localement et limiter les risques liés aux tensions commerciales entre Washington et l’Europe.

La stratégie d’intimidation économique menée par Donald Trump commence à porter ses fruits. Après plusieurs mois de pression sur l’industrie pharmaceutique mondiale, Sanofi a annoncé ce mercredi un plan d’investissement d’au moins 20 milliards de dollars (17,9 milliards d’euros) aux États-Unis d’ici à 2030. Le groupe français rejoint ainsi la liste des géants du médicament qui renforcent leur présence industrielle sur le sol américain.

Dans un communiqué, Sanofi précise que cet investissement vise à augmenter ses capacités de recherche et de développement tout en renforçant la production locale de médicaments essentiels. Une décision stratégique dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre Washington et l’industrie pharmaceutique mondiale.

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Renforcer la production de médicaments sur place

Le laboratoire français entend accélérer ses efforts industriels aux États-Unis en modernisant ses sites existants, notamment dans le New Jersey et la région de Boston. L’objectif affiché est d’assurer la production locale de traitements stratégiques et de soutenir le lancement de nouveaux médicaments sur le marché américain.

Sanofi mise également sur des partenariats industriels avec des acteurs locaux, afin de consolider son ancrage et de répondre aux attentes des autorités américaines.

Depuis plusieurs mois, l’administration Trump multiplie les menaces de taxes sur les médicaments importés et critique les prix jugés excessifs pratiqués par les grands laboratoires. Donald Trump a plusieurs fois évoqué la mise en place de droits de douane sur les produits pharmaceutiques européens, une mesure qui n’a toutefois pas encore été concrétisée.

Cette pression politique s’accompagne d’une promesse électorale majeure : faire baisser les prix des médicaments pour les consommateurs américains, un objectif qui inquiète les groupes pharmaceutiques, fortement dépendants de ce marché.

Sanofi consolide sa présence américaine

Avec cet investissement massif, Sanofi cherche à sécuriser ses positions sur le marché américain, le plus important et le plus rentable au monde. En 2024, le laboratoire y a réalisé près de la moitié de son chiffre d’affaires, soit 19,99 milliards d’euros sur 41,08 milliards.

Cependant, seulement 25 % des médicaments vendus aux États-Unis sont actuellement produits sur place. Ce déséquilibre industriel explique la volonté de Sanofi de renforcer ses capacités locales, sans pour autant construire de nouvelles usines, du moins pour l’instant.

Le marché américain reste stratégique pour Sanofi, grâce à des prix plus élevés qu’en Europe ou en Asie et une croissance dynamique. Mais il est aussi de plus en plus soumis à des risques politiques et réglementaires, liés à la volonté de l’administration Trump de réduire la dépendance aux importations.

Sanofi doit donc jongler entre la pression politique et ses impératifs économiques, tout en gardant un œil sur les évolutions réglementaires qui pourraient limiter la rentabilité du marché américain.

Un investissement mûri avant la montée des tensions commerciales

Bien que l’annonce soit perçue comme une réponse aux menaces américaines, Sanofi précise que ces investissements étaient déjà à l’étude avant l’escalade politique actuelle. En avril dernier, son directeur financier avait souligné la nécessité d’adapter les capacités industrielles à la croissance américaine.

Cette stratégie semble également viser à gagner du temps, en misant sur les freins juridiques et techniques susceptibles de ralentir les réformes annoncées par Donald Trump, notamment en matière de régulation des prix.

Big Pharma multiplie les projets industriels sur le sol américain

Sanofi n’est pas seul à céder aux pressions de Washington. Ces dernières semaines, plusieurs géants de la pharmacie ont annoncé des plans d’investissement massifs, parmi lesquels Johnson & Johnson, Eli Lilly, Merck, Gilead, Roche ou encore Novartis. Au total, plus de 150 milliards d’euros d’engagements industriels ont été annoncés aux États-Unis.

Tous justifient ces choix par la montée des tensions commerciales et la volonté d’éviter des barrières douanières susceptibles de pénaliser leurs activités.

Face aux critiques potentielles sur un désengagement du Vieux Continent, Sanofi assure que ses projets européens restent inchangés. Le groupe rappelle qu’il exploite 16 sites industriels en France, soit plus qu’aux États-Unis.

Sanofi insiste sur le fait que ses investissements américains ne se feront pas au détriment de l’Europe, qu’il considère toujours comme une base stratégique pour la production et la recherche pharmaceutique.


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