C’est une information révélée par La Tribune : Flying Whales vient d’obtenir une dérogation essentielle du ministère de la Transition écologique pour son projet industriel hors norme à Laruscade, en Gironde. Cette décision permet à l’entreprise d’entrer dans une nouvelle phase : la tenue d’une enquête publique cet été, en vue d’une autorisation environnementale attendue depuis des mois.
Un site industriel géant à 40 km de Bordeaux
À 40 km au nord de Bordeaux, cette commune de 3 000 habitants s’apprête à accueillir une usine unique en son genre : un site industriel de 75 hectares avec deux hangars monumentaux de 240 mètres de long et 70 mètres de haut. C’est là que doit naître le LCA60T, un dirigeable de 200 mètres de long capable de transporter jusqu’à 60 tonnes de marchandises, une première en France au XXIe siècle.
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Le projet, porté par Vincent Guibout, directeur général de Flying Whales, et soutenu par Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, s’est heurté à une longue procédure environnementale, notamment en raison de la présence sur site de deux espèces protégées : la loutre d’Europe et le vison d’Europe. Le feu vert du ministère vient donc lever un verrou majeur, après que Flying Whales et la Région ont défendu un plan de compensation et de réduction des impacts jugé solide.
Un montage financier complexe
Mais la bataille n’est pas terminée. Le montage financier reste sous tension : la Région, premier actionnaire public de Flying Whales avec près de 24 % du capital, porte déjà une part importante du risque en engageant 45 millions d’euros de garantie. Elle attend désormais un engagement équivalent de l’État, estimé à 55 millions d’euros. À défaut, l’équilibre du projet pourrait vaciller.
Malgré les critiques de l’opposition régionale, qui pointe un traitement de faveur inédit pour une seule entreprise, la collectivité continue d’y voir un levier stratégique de réindustrialisation et d’innovation écologique. En cas d’échec commercial, la Région affirme avoir envisagé des reconversions du site, citant l’exemple du hangar de Cargolifter près de Berlin, transformé en parc aquatique après la faillite du constructeur de dirigeables allemand.
Un projet tourné vers l’international
Flying Whales espère lancer les travaux dès l’an prochain pour une mise en service en 2027, avec déjà un œil tourné vers l’international. L’entreprise a officialisé un projet de deuxième usine au Québec, sur l’aéroport de Sherbrooke, et observe avec attention la concurrence internationale, des États-Unis au Royaume-Uni.
Soutenu par une première levée de fonds de 122 millions d’euros en 2022, Flying Whales prépare une nouvelle levée de 150 millions d’euros prévue à l’été 2025. L’obtention de cette dérogation environnementale arrive donc à point nommé pour rassurer les investisseurs et tenter de faire décoller un projet industriel unique au monde.