Jacques Berrebi, portrait d’un entrepreneur qui ne renonce jamais

De Teleperformance à Nevomo, Jacques Berrebi, 83 ans, continue de défier les limites en misant sur le transport du futur et la santé préventive.

À 83 ans, Jacques Berrebi n’a rien perdu de son énergie. Cofondateur du géant mondial des centres d’appels Teleperformance, désormais au CAC 40, il se lance aujourd’hui dans de nouveaux défis aussi ambitieux qu’inattendus : le train à lévitation Nevomo et la santé préventive. Portrait d’un entrepreneur infatigable qui refuse de se retirer des affaires, préférant tracer de nouvelles voies dans l’économie de demain.

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Une trajectoire hors normes : de la Tunisie au CAC 40

Né en mai 1942 au Kef, en Tunisie, dans une famille d’origine italienne, Jacques Berrebi se destinait à une carrière de médecin. Mais les bouleversements politiques liés à l’indépendance du pays l’amènent à bifurquer vers des études économiques. Une orientation subie, qu’il transforme rapidement en opportunité.

Il débute sa carrière chez Havas/Eurocom, où il apprend les rouages de la communication et du développement commercial. Par loyauté, il quitte le groupe aux côtés de Claude Douce, l’un de ses mentors. Un acte qui précède le tournant majeur de sa vie professionnelle : sa rencontre, en 1988, avec Daniel Julien, fondateur de Teleperformance.

Ensemble, ils transforment une petite société française, Rochefortaise Communication, en leader mondial des centres de relation client. Cotée en Bourse dès 1989, l’entreprise se développe à l’international avant de fusionner en 1999 pour devenir SR.Teleperformance, puis simplement Teleperformance en 2006.

« En 2007, nous sommes devenus numéro 1 mondial », se plaît-il à rappeler. Le groupe emploie aujourd’hui plus de 510 000 personnes dans le monde et figure parmi les fleurons du CAC 40. Une réussite exemplaire de l’entrepreneuriat français.

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Nevomo, le défi du transport du futur

Plutôt que de profiter d’une retraite méritée, Jacques Berrebi investit désormais dans des technologies de rupture. Avec Nevomo, il parie sur un système de transport à lévitation électromagnétique capable de faire circuler des trains à 700 km/h… sur les rails existants.

« Notre technologie repose sur les aimants et l’électricité, sans nécessiter la construction d’infrastructures dédiées », explique-t-il sur CNEWS en avril 2025. Une alternative plus pragmatique et économiquement viable, selon lui, à l’Hyperloop popularisé par Elon Musk.

Le projet avance rapidement. Une première ligne test devrait voir le jour d’ici fin 2026 en Allemagne, grâce à un partenariat avec une filiale de la SNCF. « À travers ce projet, je porte les couleurs de la France », affirme-t-il avec fierté.

La santé préventive, un rêve de jeunesse retrouvé

Fidèle à sa vocation première, Jacques Berrebi a également investi dans le secteur de la santé. En Belgique, il développe LIMS-MBnext, un laboratoire spécialisé dans les bilans de prévention santé. « Nous réalisons plus de 70 analyses par patient pour détecter les carences avant qu’elles ne deviennent pathologies », explique-t-il.

Le laboratoire est passé de 45 à plus de 1 500 prélèvements par jour, illustrant l’intérêt croissant pour la médecine préventive. Mais Berrebi ne s’arrête pas là. Il soutient également Synergia Medical, une start-up belge qui développe un implant cérébral destiné à traiter l’épilepsie et les troubles neurologiques liés à Alzheimer. Une levée de fonds à laquelle il a contribué a permis de porter le financement total du projet à 12,8 millions d’euros.

Une philosophie singulière : aimer les gens, croire en la chance

Jacques Berrebi revendique une philosophie fondée sur la confiance et l’humain. « Sans les gens, rien n’est possible », répète-t-il. Il se définit comme un « chasseur en meute », préférant le travail d’équipe à la réussite solitaire.

Loin d’ignorer les mutations technologiques, il milite pour une « intelligence additionnelle » au service des hommes, plutôt qu’une intelligence artificielle déshumanisée. Curieux, il avoue avoir apprivoisé ChatGPT qu’il utilise désormais sur son smartphone. « Au début, cela m’effrayait. Aujourd’hui, je m’en sers », confie-t-il.

À cette rationalité technologique, il ajoute une part de superstition assumée : il porte toujours sur lui un fer à cheval et un pendentif portant le chiffre 13, qu’il considère comme des porte-bonheur.

Un rayonnement sans frontières, enraciné dans ses terres

Installé en Belgique depuis 2000 pour des raisons fiscales, Jacques Berrebi n’a jamais coupé les liens avec ses racines tunisiennes et françaises. En Tunisie, il a implanté le premier centre d’appels offshore de Teleperformance en 2000, créant des milliers d’emplois. Il continue d’y investir aujourd’hui via Bercom International, une société de services informatiques employant déjà une soixantaine de personnes.

Sa présence médiatique reste forte. Sur CNEWS, il a récemment évoqué ses rencontres avec des personnalités internationales, notamment Donald Trump, qu’il dit avoir trouvé « décevant » après un échange à Mar-a-Lago en novembre 2024.


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