C’est une sanction rare, mais lourde de sens. Eric Giraudier, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Gard, vient d’être suspendu pour six mois à partir du 1ᵉʳ mai. Le préfet de région, autorité de tutelle, a tranché au terme d’une longue procédure pour « faute grave ». Un événement qui dépasse de loin le simple cas personnel.
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Un enchaînement de manquements majeurs
La décision ne repose pas sur un écart isolé, mais sur un faisceau de griefs accumulés au fil des années. Déjà en 2021, la chambre régionale des comptes avait pointé des dérapages. En 2024, une mission d’audit a confirmé les dérives : défauts d’approbation des dépenses, information parcellaire des élus consulaires, opacité autour de ventes d’actifs immobiliers, et même le mépris d’une prescription administrative. Bref, un enchaînement de manquements majeurs dans la gestion d’une institution publique.
Le dossier de la Maison de l’Entreprise à Nîmes illustre cette dérive. Parti d’un projet raisonnable, il s’est transformé en gouffre financier de 17 millions d’euros, engloutissant une partie du patrimoine historique de la CCI. Celui de l’aérodrome de Deaux révèle la même désinvolture, malgré les réunions vantées par l’intéressé.
Soutien de Franck Proust, le président de Nîmes métropole
La suspension survient dans un contexte déjà fragilisé. L’élection de Giraudier avait été partiellement annulée l’an dernier. Réélu de justesse, il semblait avoir consolidé son pouvoir. Il devra désormais s’en défendre devant les tribunaux. « Complètement abasourdi », dit-il, rejetant la faute sur « des questions de procédures » déconnectées de la réalité. Le monde économique local, lui, se divise : la CPME 30 applaudit la décision tandis que Franck Proust, le président de Nîmes métropole, apporte son soutien à Eric Giraudier.
Pendant ce temps, Fabien Dorocq assurera l’intérim. Mais l’essentiel est ailleurs. Cet épisode rappelle que la gouvernance des CCI, ces piliers discrets du développement territorial, ne peut plus rester un angle mort du débat public. L’affaire Giraudier est un signal : transparence, responsabilité et contrôle ne sont pas des options dans le monde économique d’aujourd’hui.