FoodChéri, la cantine engagée

Entretien avec Jérôme Lemouchoux, CEO de FoodCheri.

En dix ans, FoodChéri s’est imposé comme un acteur à part dans la restauration d’entreprise.
Née en 2015 avec une ambition claire — rendre l’alimentation plus saine et durable — l’entreprise s’est rapidement démarquée par ses choix forts : 50 % de plats végétariens ou vegan, suppression des ingrédients à fort impact écologique, affichage environnemental transparent.

Vous avez fait le choix ambitieux, dès votre création en 2015, de proposer une carte à 50 % végétarienne ou vegan. Comment cette offre a-t-elle été accueillie par vos premiers clients, et comment cela a-t-il évolué au fil des années ?
Jérôme Lemouchoux : En 2025, notre carte est toujours à 50 % végétarienne ou végétalienne. Cela fait partie de notre socle. Nous ne percevons pas une hausse tangible de la demande, bien qu’en parallèle, la médiatisation et l’enrichissement de l’offre végétarienne en GMS augmentent.

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Votre partenariat avec Sodexo depuis 2018 a clairement accéléré votre développement. Comment conciliez-vous la préservation de votre identité et vos valeurs originelles avec la dimension industrielle et corporate de Sodexo ?
Sodexo est notre actionnaire unique, mais a à cœur de préserver notre identité et notre agilité. C’est pour cela que nous avons nos propres directeur général, comité de direction et budget. Sodexo est surtout un véritable appui pour certains sujets où nous bénéficions de leur expertise.

Quelles sont les prochaines étapes concrètes pour réduire davantage cette empreinte environnementale ?
Au-delà du carbone, nous travaillons activement sur le sujet de la biodiversité alimentaire. Nous avons pris plusieurs engagements forts (présentés dans notre dernier rapport d’impact), dont la proposition de la Fresque de la Biodiversité à tous nos collaborateurs, la mise à la carte de deux plats par jour à base de légumineuses brutes, ou encore l’interdiction de l’huile de palme dans tous nos ingrédients.

Vous avez supprimé certains ingrédients comme le bœuf, le cabillaud et l’avocat pour des raisons écologiques. Envisagez-vous d’autres suppressions ou modifications majeures dans les années à venir ?
Pour le moment, non. Notre objectif reste de proposer une restauration diversifiée, savoureuse, saine et durable.

Vous avez été précurseur dans l’affichage de l’Éco-Score, désormais Green-Score. Quels sont les défis principaux auxquels vous avez été confrontés pour généraliser ce type d’affichage auprès de vos clients ?
Il n’y a pas eu de friction notable sur ce sujet, il est de manière générale très apprécié.

Vous avez fortement réduit l’utilisation du plastique à usage unique. Quels sont les principaux défis liés au passage à un modèle 100 % réemploi des contenants d’ici 2030 ?
Le coût. Le réemploi nécessite une logistique (lavage, tracking, reverse logistique…) invisible pour le convive, mais avec un vrai impact budgétaire. Un modèle uniformisé et synchronisé avec d’autres acteurs de la restauration permettrait d’abaisser ce surcoût.

Vous lancez prochainement des bars à salades et sandwicheries. Comment comptez-vous maintenir votre niveau d’engagement environnemental avec ces nouveaux formats, souvent associés à la restauration rapide ?
Nous gardons les mêmes exigences sur ces produits. Nous réalisons déjà des buns, burgers et hot dogs qui respectent nos critères.

Votre taux d’invendus réduit à moins de 4 % est impressionnant. Quels outils ou pratiques recommanderiez-vous à d’autres entreprises de restauration souhaitant atteindre des résultats similaires ?
C’est nécessairement une combinaison de plusieurs bonnes pratiques : la réservation des plats à l’avance, les partenariats avec des organismes de distribution des invendus (Too Good to Go, épicerie solidaire, Linkee…), et une bonne gestion des stocks grâce à nos algorithmes prévisionnels sont clés.

Quelle vision portez-vous sur l’avenir de la restauration d’entreprise dans un contexte où télétravail et préoccupations environnementales se renforcent constamment ? Comment FoodChéri se prépare-t-elle à ces évolutions futures ?
Nous ajustons en permanence notre offre, tout en gardant notre ADN engagé. Par exemple, nous commercialisons désormais Le Frigo, une offre différente du frigo connecté, qui permet entre autres de réduire le gaspillage alimentaire via la réservation des plats.


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