Entreprises : l’IA peut-elle faire mieux qu’un expert-comptable ?

La révolution comptable est en marche. Avec l’IA, Pennylane promet une productivité accrue et une conformité facilitée pour les PME.

En misant sur l’intelligence artificielle pour automatiser les processus comptables, Pennylane vient de lever 75 millions d’euros et compte bien devenir incontournable dans les cabinets d’experts comptables. À l’approche de la facturation électronique obligatoire en 2027, le secteur s’organise autour de nouvelles plateformes, plus agiles, interconnectées… et pilotées par l’IA.

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Créée en 2020, la strat-up enchaîne les levées de fonds à un rythme soutenu : sept tours en cinq ans. Ce dernier, mené par les fonds américains Meritech Capital Partners et CapitalG (filiale d’investissement de Google), porte sa valorisation à 2 milliards d’euros.

Une réglementation favorable à l’innovation comptable

Cette nouvelle injection de capital servira principalement à renforcer l’investissement en recherche et développement. Le contexte est porteur. D’un côté, la réglementation évolue rapidement, avec l’obligation pour toutes les entreprises françaises d’adopter la facturation électronique d’ici 2027. De l’autre, les technologies d’intelligence artificielle atteignent une maturité suffisante pour transformer en profondeur les usages comptables.

Pennylane compte bien tirer parti de cette conjonction. Sa plateforme est déjà utilisée par 350 000 entreprises et 4 500 cabinets comptables. Elle repose sur une architecture interopérable, connectée aux logiciels de gestion via des API, et capable de traiter les formats standardisés comme Factur-X. À cette base technique, l’entreprise ajoute désormais des briques d’IA destinées à automatiser l’analyse des pièces comptables, les rapprochements bancaires, ou encore la génération de tableaux de bord.

L’IA comme levier de productivité

Le discours reste mesuré. Officiellement, l’intelligence artificielle n’aurait pas vocation à remplacer l’expert-comptable. Il s’agirait moins de supprimer des postes que de rediriger les compétences vers des tâches à plus forte valeur ajoutée.

La stratégie se veut aussi défensive. Alors que les acteurs traditionnels – cabinets, éditeurs, banques – développent leurs propres outils intégrés, Pennylane cherche à s’imposer comme un intermédiaire neutre. Une plateforme standardisée, capable d’assurer la fluidité des échanges entre systèmes, dans le respect des nouvelles normes fiscales.

L’acquisition de la startup Billy en octobre 2024, spécialisée dans les connecteurs logiciels, s’inscrit dans cette logique. Elle doit permettre d’améliorer encore l’interopérabilité de l’offre. Parallèlement, l’entreprise prévoit de recruter massivement, passant de 550 à 800 salariés d’ici fin 2025, dont la moitié dédiés à la R&D.

Les résultats suivent. En 2024, le chiffre d’affaires annuel récurrent a triplé pour atteindre 60 millions d’euros. L’objectif est de dépasser les 110 millions à la fin de cette année, avec la rentabilité en ligne de mire.

Pennylane avance vite. La réforme de la facturation électronique agit comme un catalyseur. Mais c’est bien l’automatisation, dopée à l’intelligence artificielle, qui redessine les contours du métier comptable. Et place les logiciels – plus encore que les experts – au cœur de la chaîne de valeur.


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