Dons en ligne : transparence totale avec Mon ami poto

Avec Mon ami poto, Ryad Boulanouar propose un nouveau modèle de générosité : traçable, éthique, numérique. Un projet à la croisée de la solidarité et de l’innovation.

Il avait déjà dynamité la banque de détail avec Nickel. Ryad Boulanouar revient aujourd’hui avec un autre angle d’attaque : celui de la générosité. Mais une générosité passée au tamis de la blockchain. Son nouveau projet, Mon ami poto, lancé en novembre, s’attaque à un mal bien connu du secteur caritatif : l’opacité.

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Une traçabilité inédite

Le principe est simple. Chaque euro donné est converti en “poto”, une unité numérique traçable sur une blockchain publique. Le donateur peut ainsi suivre sa contribution, centime après centime, du clic jusqu’au bénéficiaire final. L’idée, bien dans l’air du temps, repose sur une promesse de transparence radicale, à la frontière du militantisme technologique.

La plateforme prélève une commission de 4 à 5 %, elle aussi visible sur la chaîne. Une manière, selon Boulanouar, de montrer patte blanche : difficile de promouvoir la transparence sans l’appliquer à son propre modèle économique. Mon ami poto entend ainsi se placer à contre-courant d’un secteur souvent critiqué pour ses frais de structure opaques et ses circuits de redistribution nébuleux.

Un objectif ambitieux : 2 % du marché des dons

Pour exister, il faudra du volume. L’objectif est chiffré : capter 2 % du marché français du don, estimé à 5,4 milliards d’euros par an. Soit 100 millions d’euros de dons à faire transiter par la plateforme pour atteindre la rentabilité. L’ambition est claire : industrialiser la traçabilité dans un secteur où la confiance est érodée mais où les flux restent considérables.

Derrière ce projet, une critique à peine voilée de l’écosystème associatif actuel. Aux yeux de Boulanouar, les donateurs ne savent pas ce qu’il advient de leur argent, les associations se battent entre elles plutôt que de coopérer, et les bénéficiaires eux-mêmes ne comprennent pas toujours le système qui les aide. Dans ce maquis, la blockchain est présentée comme un GPS éthique.

Le parcours disruptif de Ryad Boulanouar

Ce n’est pas la première fois que Ryad Boulanouar tente de réécrire les règles du jeu. Né à Lyon en 1973, grandi à Alfortville, il a toujours eu un pied dans l’ingénierie, l’autre dans le terrain. Enfant, il dévore les mathématiques et les technologies. Dès les années 1990, il contribue au Pass Navigo et mise très tôt sur le sans-contact, convaincu que la carte remplacera le billet.

Il vend sa première entreprise dans les cartes à puce pour quatre millions d’euros. Plutôt que de profiter, il réinvestit tout dans Nickel. Trois ans de combat, souvent solitaire, pour imposer un compte bancaire chez le buraliste, sans conditions de ressources ni découvert autorisé. Le pari est risqué, le timing mauvais, la régulation hostile. Mais le produit touche juste. En 2017, BNP Paribas met 200 millions d’euros sur la table pour l’acheter.

Aujourd’hui, Boulanouar applique la même recette au monde du don : repérer un système grippé, injecter de la technologie, court-circuiter les intermédiaires, et proposer un produit simple, mais radical.


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