À Grenoble, la start-up MotionXP explore de nouvelles frontières dans le domaine de la simulation. L’entreprise, fondée en 2023 par Hervé Heydon, a développé une plateforme capable de reproduire les sensations physiques du mouvement avec un réalisme avancé.
D’abord pensé comme un projet personnel, le simulateur suscite désormais l’intérêt d’un public varié, des amateurs de jeux aux professionnels de l’aviation et de l’automobile.
L’innovation d’un entrepreneur atypique
L’histoire de Motion XP commence avec le parcours atypique de son fondateur. Passionné d’aviation, Hervé Heydon envisage une carrière de pilote de chasse avant d’y renoncer pour des raisons médicales. Il se tourne alors vers la simulation aérienne, qu’il explore pendant vingt ans.
En 2016, il découvre la réalité virtuelle, une technologie prometteuse mais imparfaite : les sensations physiques restent absentes et de nombreux utilisateurs souffrent du mal des transports. Pour combler cette lacune, il conçoit son propre simulateur, d’abord avec des moyens limités. Les premiers prototypes sont artisanaux, mais la demande se manifeste rapidement. Malgré le scepticisme initial de certains spécialistes, il parvient à vendre dix unités en deux semaines. Aujourd’hui, MotionXP expédie plusieurs simulateurs par mois.
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Motion XP cartonne au denier salon Vivatech
Le simulateur de Motion XP repose sur un système à six degrés de liberté (6DOF), un standard utilisé dans l’aéronautique et l’automobile. Six vérins motorisés permettent de reproduire avec précision des accélérations, des freinages et des inclinaisons. D’autres éléments viennent renforcer l’immersion :
- Un harnais dynamique, qui applique une pression sur le corps pour simuler les forces d’accélération.
- Un système de ventilation, qui recrée le vent pour accentuer l’effet de vitesse.
- Une synchronisation précise entre le mouvement et l’image, pour limiter le mal des transports.
Présenté lors du dernier salon Vivatech à Paris, le simulateur a été testé par des centaines de visiteurs, dont des pilotes et des conducteurs professionnels qui ont souligné la qualité de l’immersion, proche de celle des équipements utilisés dans la formation aéronautique ou automobile.
Un marché qui dépasse le gaming
Si les premiers acheteurs sont principalement des passionnés de simulation, les débouchés s’élargissent. Certains professionnels envisagent de l’utiliser pour la formation, notamment dans l’aéronautique, où les heures de simulation pourraient compléter celles passées en vol. Le secteur militaire et médical s’y intéresse également, pour l’entraînement des pilotes ou la rééducation motrice.
MotionXP a fait le choix de commercialiser sa plateforme sous forme de kit, une approche qui la distingue des simulateurs traditionnels. Avec un prix de départ fixé à 10 000 euros, elle se positionne sur un segment intermédiaire, entre les dispositifs amateurs et les équipements professionnels haut de gamme.
Une start-up en structuration
Le succès commercial pose de nouveaux défis. Motion XP doit se structurer pour répondre à la demande. Hervé Heydon, qui se décrit comme un technicien plus qu’un entrepreneur, cherche à accélérer son développement, notamment à l’international, avec des opportunités au CES de Las Vegas ou à Dubaï. La start-up participera l’émission Qui veut être mon associé sur M6 le 19 mars.
L’entreprise touche aussi un public inattendu. Un homme aveugle a pu « piloter » grâce au simulateur, guidé par les indications de son frère. Un ancien pilote de 85 ans a retrouvé des sensations qu’il n’avait plus connues depuis des décennies.
Avec une demande en croissance et des usages qui se diversifient, MotionXP pourrait trouver sa place dans un marché friand d’innovation. Reste à voir si l’entreprise parviendra à franchir une nouvelle étape pour pérenniser son développement.