En apparence, tout roule sur le marché des voitures d’occasion. Pourtant, chaque année, des milliers d’acheteurs se font piéger par des véhicules dont le kilométrage a été trafiqué.
Une pratique aussi ancienne que le commerce automobile, qui ne faiblit pas malgré les mises en garde et les contrôles accrus. Le constat est sans appel : derrière les bonnes affaires affichées, certains véhicules ont déjà bien plus roulé que ce que laisse croire leur tableau de bord.
Un Grand Cherokee… avec un petit kilométrage
Dans ce jeu de dupes, un modèle se distingue en 2024 : le Jeep Grand Cherokee. D’après les données de carVertical, 5 % des véhicules vérifiés de ce type en France présentaient un compteur trafiqué. Pourquoi lui ? Tout simplement parce qu’il est recherché. Un SUV apprécié sur le marché de l’occasion, avec un prix qui grimpe vite dès que l’on efface quelques dizaines de milliers de kilomètres. En moyenne, les Grand Cherokee « rajeunis » ont vu leur compteur réduit de 47 464 kilomètres.
Derrière lui, on retrouve la BMW Série 5 (4,7 %) et le Renault Master (4,6 %). Ce dernier, un utilitaire, subit particulièrement les fraudes au compteur, car ces véhicules parcourent souvent de longues distances. Un Master ayant roulé 300 000 kilomètres paraît tout de suite plus difficile à vendre qu’un modèle affichant 200 000 kilomètres.
Autre constat : selon Car Vertical, ces véhicules ne circulent pas qu’en France. Beaucoup sont importés, parfois déjà maquillés avant leur arrivée sur le marché hexagonal.
Le Renault Master, champion du kilométrage effacé
Si le Jeep Grand Cherokee est la voiture la plus fréquemment concernée par ces manipulations, le Renault Master détient un autre record : celui du plus grand nombre de kilomètres effacés. En moyenne, son compteur a été réduit de 107 393 kilomètres. Pour la BMW Série 5, la différence atteint 91 763 kilomètres. Des chiffres qui donnent le vertige.
D’autres modèles suivent, avec des écarts tout aussi spectaculaires : Volkswagen Polo (91 865 km), Citroën Berlingo (78 463 km), Audi A6 (74 180 km) et Citroën C4 (71 788 km). Autrement dit, une voiture affichant 100 000 kilomètres pourrait en réalité en avoir 200 000 ou plus. Une différence qui peut faire exploser les frais d’entretien bien plus vite que prévu.
Aucune voiture n’est totalement épargnée
Peut-on se fier aux petites voitures ? Pas totalement, mais certaines sont moins concernées par le phénomène. Parmi les véhicules les plus « sûrs » en 2024, la Volkswagen Polo et la Peugeot 207 se distinguent, avec seulement 2,9 % des modèles concernés par une fraude au compteur. Viennent ensuite l’Opel Vivaro (3 %), le Land Rover Range Rover (3 %) et le Citroën C4 (3,1 %). Mais même parmi ces modèles, le kilométrage moyen effacé peut atteindre 60 000 kilomètres.
Faut-il alors s’en remettre à la chance ? Pas forcément. Un historique de véhicule détaillé reste la meilleure protection contre ces fraudes. Il permet de repérer les incohérences et d’anticiper d’éventuelles mauvaises surprises. Car dans ce marché où tout le monde veut décrocher la bonne affaire, le plus grand risque est de croire que l’on a trouvé la perle rare… alors qu’on vient d’acheter une illusion.
