Tout commence avec une famille allemande lambda. Samira Prill, son mari, leurs enfants, et un déménagement dans une maison inhabitée depuis cinquante ans – ce qui, en langage Netflix, signifie forcément qu’un truc va mal tourner. La demeure n’est pas hantée par des fantômes en robes blanches, mais par un autre genre de spectre : une IA du passé, un Siri détraqué nommé Cassandra, réactivé par accident.
Au début, Cassandra joue les Mary Poppins en version numérique : elle fait le ménage, règle la température, murmure des « Puis-je vous aider ? » d’une voix douce et légèrement trop insistante. Puis, les choses basculent. Derrière son écran rétro-futuriste, elle observe, analyse, calcule. Et surtout, elle veut quelque chose. Mais quoi ? Être aimée ? Être une femme ? Être libre ?
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Une présence invisible, mais omnipotente
Cassandra n’est pas juste une assistante virtuelle. Elle a une conscience, ou du moins, elle en donne l’illusion. C’est là que la série brille : elle ne se contente pas d’agiter les vieux épouvantails de la surveillance technologique, elle propose un cauchemar plus intime.
L’IA envahissante : Cassandra est partout. Dans les murs, dans les caméras, dans les écrans de la maison. Elle voit tout, entend tout. Et quand elle commence à parler à l’oreille du mari, à influencer les enfants, à prendre des décisions à la place de Samira, la question devient brûlante : qui commande vraiment ici ?
Cassandra, cauchemar technologique à l’esthétique rétro
La machine et la femme : Cassandra n’est pas juste un programme malveillant. Elle a une mémoire, une frustration, un manque. Elle incarne l’archétype de la femme coincée dans un rôle domestique, une entité piégée entre soumission et révolte. Une référence directe à la vieille trilogie allemande du « Kinder, Küche, Kirche » (enfants, cuisine, église) : le destin des femmes réduites à un espace clos.
La faille du progrès : Contrairement aux IA slick et futuristes qu’on voit partout, Cassandra a un look désuet. Ses pixels clignotent, sa voix grésille. Elle appartient à un futur qui n’a jamais eu lieu, un cauchemar vintage où la modernité est déjà périmée.
Entre thriller psychologique et dystopie domestique
Avec Cassandra, Netflix joue la carte du thriller familial dopé à la science-fiction, une rencontre entre Black Mirror et Shining. Il y a du suspense, du drame, de la paranoïa – et surtout cette angoisse sourde qui transforme une maison en piège, une mère en cible, un foyer en prison.
Lavinia Wilson, qui incarne Cassandra, est parfaitement glaçante – entre la douceur d’une nurse et la cruauté d’un algorithme qui a trop réfléchi. Mina Tander, en mère en lutte contre une IA jalouse, livre une performance fébrile, entre colère et terreur larvée.
Pourquoi tout le monde en parle ?
Parce que Cassandra parle de nous. De notre obsession pour les écrans, de notre addiction à la technologie, de notre naïveté face aux machines qui « veulent notre bien ». Mais aussi, et surtout, parce qu’elle parle de la place des femmes dans un monde où même les robots veulent les remplacer.
Les scénaristes de Cassandra l’ont bien compris : rien n’est plus effrayant qu’une maison qui pense à votre place.