Le marché, dominé par des constructeurs français connaît une croissance soutenue, notamment grâce à l’essor des modèles électriques. Mais ces véhicules sont-ils à la hauteur des enjeux de sécurité qu’ils impliquent ?
Les voitures sans permis plébiscitées par les jeunes
L’attrait des voitures sans permis repose sur une promesse simple : offrir aux adolescents un moyen de transport personnel avant même d’atteindre la majorité. Dès 14 ans, avec un simple permis AM, ces quadricycles légers leur ouvrent la voie de la liberté. Les parents, soucieux d’éviter les dangers du scooter, plébiscitent cette alternative jugée plus protectrice. Pour les constructeurs, l’équation est gagnante : un marché en plein essor, une réglementation souple et une demande qui ne faiblit pas.
Les ventes suivent cette dynamique. Ligier, leader du secteur, a enregistré un chiffre d’affaires de 193 millions d’euros en 2022. Citroën, avec son modèle AMI, et Renault, via le Twizy, ont flairé le bon filon. Et l’arrivée des motorisations électriques ne fait qu’accentuer l’attrait pour ces véhicules, perçus comme une réponse aux préoccupations environnementales.
Mais derrière l’enthousiasme des jeunes conducteurs et l’appétit des industriels, un problème de fond demeure : la sécurité.
Un danger sous-estimé ?
Ces véhicules, malgré leur apparente sécurité, restent vulnérables. Leur structure légère, leur vitesse limitée et leur faible équipement en matière de protection les exposent fortement en cas de collision. À cela s’ajoute un facteur humain préoccupant : des conducteurs très jeunes, à l’expérience réduite et à la maturité parfois insuffisante pour mesurer le danger.
Autre faiblesse : la formation. Huit heures de conduite, sans véritable examen, suffisent pour obtenir le permis AM. Un ticket d’entrée jugé trop léger par de nombreux experts en sécurité routière, qui pointent un apprentissage minimaliste et un manque de contrôle. Les associations de prévention routière alertent sur un problème de fond : donner un volant entre les mains d’un adolescent sans réel encadrement, c’est prendre le risque de multiplier les drames.
Vers un durcissement des règles pour les voitures sans permis ?
Face à cette réalité, la pression monte pour un encadrement plus strict. Plusieurs députés plaident pour l’instauration d’un véritable examen du permis AM, avec un nombre d’heures de formation revu à la hausse. D’autres propositions émergent : limiter l’accès aux VSP en dessous d’un certain âge, renforcer les normes de sécurité des véhicules, ou encore mieux contrôler la vente et la location.
L’enjeu est de taille : concilier le besoin de mobilité des jeunes et la nécessité d’assurer leur sécurité, ainsi que celle des autres usagers de la route. Si les voitures sans permis ont trouvé leur public, leur essor ne peut se faire sans une réflexion approfondie sur les conditions de leur utilisation. Faute de quoi, la route pourrait bien devenir le théâtre de drames évitables.