Pur technocrate de 66 ans, très respecté dans les cercles politiques et financiers, Eric Lombard est un expert aguerri qui a toujours privilégié le dialogue social et une approche pragmatique des enjeux économiques. Son parcours éclectique, mariant privé et public, lui confère une perspective rare au moment les tensions politiques sont exacerbées.
Amateur d’art… et de gestion
Né à Boulogne-Billancourt en 1958, Éric Lombard porte en lui l’héritage d’une famille aussi diversifiée que ses propres choix de carrière. Fils d’un cadre dirigeant et d’une graphologue, il est le petit-fils de Pierre Lévy, industriel audacieux et créateur du groupe de textiles Delanvay. Ce même Pierre Lévy était aussi un grand amateur d’art, dont la collection a enrichi le patrimoine culturel de Troyes avec l’ouverture d’un musée d’art moderne. Cet univers familial oscillant entre industrie et création a marqué durablement Éric Lombard, nourrissant un goût prononcé pour l’art et la gestion, qu’il manifeste encore en siégeant au conseil d’administration du Louvre depuis 2023.
Après son baccalauréat, il hésite entre une carrière d’ingénieur et des études plus généralistes. Finalement, il choisit HEC Paris, où il mène une scolarité marquée par un engagement syndical atypique. Fondateur d’un syndicat de gauche réformateur, il se distingue par une volonté de réconcilier les courants opposés du militantisme estudiantin. Cet équilibre entre réflexion sociale et rigueur économique deviendra une constante dans son parcours.
Une carrière tissée entre banque et État
Diplômé en 1981, Éric Lombard fait ses premières armes dans le milieu bancaire chez Paribas, où il gravit rapidement les échelons. Ses premières missions l’amènent à gérer des dossiers internationaux et à affûter son expertise en fusions et acquisitions. Mais son engagement politique, initié lors de ses études, le rattrape.
Dans les années 1990, il conseille Louis Le Pensec et Michel Sapin au ministère de l’Économie et des Finances. Après cette incursion politique, il retourne dans le privé et rejoint BNP Paribas. C’est à la tête de BNP Paribas Cardif qu’il se distingue en triplant la taille de l’entreprise et en étant sacré « Assureur de l’année » en 2011. En 2013, il prend les rênes de Generali France, qu’il redresse en un temps record.
La Caisse des Dépôts : une autre vision de l’État
En 2017, Emmanuel Macron lui confie la direction de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), un pilier de la stratégie économique nationale. Une nomination remarquable : Lombard est le premier dirigeant de la CDC à ne pas venir de la fonction publique. Durant son mandat, il réorganise l’institution en créant la Banque des territoires et en renforçant les partenariats avec La Poste et CNP Assurances. Sous sa houlette, la CDC s’ancre davantage dans l’économie locale tout en préservant son ambition nationale.
Un ministre face à l’urgence
Nommé ministre en remplacement d’Antoine Armand, Éric Lombard arrive à Bercy dans un contexte tendu. La dette publique frôle des sommets, et le déficit structurel inquiète les investisseurs. Sa mission ? Faire passer le projet de loi de finances 2025, prévoyant 50 milliards d’économies. Lombard s’appuie sur son pragmatisme et ses réseaux transpartisans pour naviguer entre austérité budgétaire et relance économique. Son passé de négociateur et son respect du dialogue social pourraient se révéler utiles dans cette tâche herculéenne.