Urgo, une success story familiale depuis Dijon

Rare sont les histoires industrielles aussi marquantes dans le secteur de la santé en France. En un peu plus d’un siècle, le groupe Urgo est passé d’une modeste herboristerie bourguignonne à un champion international de la santé. Retour sur l’itinéraire d’une entreprise familiale devenue un acteur clé de son secteur, avec 3 600 collaborateurs et un chiffre d’affaires de 807 millions d’euros.

L’aventure Urgo débute modestement à Dijon, à la fin du XIXe siècle. Fondée par Eugène Fournier et Pierre Bon, une petite herboristerie survit tant bien que mal jusqu’en 1942, année où les laboratoires Fournier, spécialisés dans les adhésifs, reprennent l’affaire. Ce rachat sauve l’entreprise d’une faillite certaine.

Il faut attendre 1958 pour que l’entreprise prenne un tournant décisif. Sous l’impulsion de Jean Le Lous, alors pharmacien à la tête des laboratoires Fournier, Urgo se spécialise dans les pansements. Marqué par les pénuries de la Seconde Guerre mondiale, il décide de bâtir une filière industrielle française dédiée. Le succès arrive en 1973 avec un produit phare : un pansement innovant qui laisse respirer la plaie, et un slogan entré dans l’imaginaire collectif : « Il y a de l’Urgo dans l’air, il y a de l’air dans Urgo. »

Innovation et international

Dans les années 1980, Hervé Le Lous, fils de Jean, prend les rênes et propulse Urgo dans une nouvelle dimension. Il diversifie les activités du groupe avec des marques comme Juvamine, dont le slogan « Si Juva bien, c’est Juvamine ! » devient un classique. Les acquisitions se multiplient dans les années 1990 et 2000 : Mercurochrome, Marie-Rose, Super Diet, Herbesan, Alvityl… Urgo assemble un portefeuille impressionnant de marques incontournables.

En parallèle, le groupe s’ouvre à l’international. Les premières filiales apparaissent en Allemagne, puis en Asie dans les années 1990. Aujourd’hui, Urgo est présent dans 60 pays, avec 20 filiales et des implantations récentes en Amérique du Nord, en Amérique latine et en Australie. Une dynamique qui s’appuie sur une stratégie d’acquisition méthodique : près d’une par an depuis 2010.

Malgré son essor mondial, Urgo reste une affaire de famille. Hervé Le Lous a institué une gouvernance alternée entre ses trois fils, qui se relayent tous les trois ans à la présidence. Une approche originale qui ancre l’entreprise dans ses valeurs tout en assurant une continuité stratégique.

Une machine à innover

Depuis son premier pansement révolutionnaire, Urgo a fait de l’innovation son fer de lance. Chaque année, 200 chercheurs, cliniciens et ingénieurs déposent une quinzaine de brevets. Parmi les projets phares, Genesis, ambitieux programme de création d’une peau artificielle d’ici 2030, mobilise des partenaires prestigieux comme Dassault Systèmes et l’Établissement français du sang. Avec un budget global de 100 millions d’euros, il illustre la capacité d’Urgo à se positionner sur les frontières de la technologie.

D’autres succès témoignent de cette dynamique : UrgoTul, un pansement qui n’adhère pas aux plaies, ou UrgoStart, qui réduit le temps de cicatrisation et a valu au groupe une publication dans The Lancet et le prix Galien. Même le numérique est exploité à fond, avec des applications comme Healico, plébiscitée par les professionnels de santé.

Fidèle à Dijon, ancré en Bourgogne

Malgré son développement à l’international, Urgo garde un lien fort avec Dijon, son berceau historique. Le groupe y emploie 1 300 de ses 3 600 salariés, répartis entre son siège de Chenôve, son centre industriel de Chevigny-Saint-Sauveur et un nouveau site à Ouges. En 2025, la division Healthcare emménagera dans un bâtiment emblématique du centre de Dijon, réhabilitant ainsi le patrimoine local tout en affirmant son enracinement territorial.


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