La flotte française de Canadair, vieillissante et limitée, peine à suivre la cadence des incendies de forêt qui se multiplient chaque été. Si la France a longtemps compté sur ces hydravions robustes mais dépassés, le temps presse pour trouver une solution moderne et efficace.
Des débuts solides
Depuis 2023, Hynaero avance méthodiquement, multipliant les jalons techniques et financiers. Une première levée de fonds de 800 000 euros a permis de démontrer la faisabilité de son concept. Mais derrière ce premier succès se cache une réalité implacable : les 15 millions d’euros nécessaires pour concevoir l’appareil ne sont qu’un préambule face aux un milliard d’euros estimés pour finaliser le programme. Dans l’industrie aéronautique, chaque étape coûte cher, et les erreurs, encore plus.
Pour s’assurer de ne pas rester dans les limbes des projets avortés, la start-up s’est entourée de partenaires stratégiques : Aresia, BT2i ou encore l’Onera, des acteurs de référence qui renforcent la crédibilité du projet. Même le CS Group – Sopra Steria s’est engagé, signe que l’industrie croit au potentiel du Fregate-F100. Mais dans ce secteur, l’expérience des grands industriels et la solidité des chaînes d’approvisionnement sont des piliers incontournables.
Un hydravion d’exception sur le papier
Sur le plan technique, le Fregate-F100 impressionne. Capable de transporter 10 tonnes d’eau contre 6 tonnes pour les actuels Canadair CL-415, il promet d’augmenter considérablement les capacités d’intervention. Avec une vitesse de croisière de 250 nœuds (460 km/h) et une autonomie de 2h30, il peut agir sur des incendies jusqu’à 400 km de sa base. Ce sont des chiffres qui, à eux seuls, suscitent l’intérêt des experts.
L’hydravion bénéficie également des dernières avancées technologiques :
- Commandes de vol électriques pour une meilleure précision et fiabilité,
- Jumeau numérique pour optimiser la conception et l’entretien,
- Affichage tête haute (HUD) pour offrir une vision complète et intuitive au pilote en intervention.
Mais les performances théoriques ne suffisent pas. Concevoir un prototype est une chose. Le certifier et l’industrialiser, dans un calendrier aussi ambitieux que celui fixé par Hynaero pour 2031, en est une autre. À chaque étape, la moindre défaillance peut coûter des années de retard et des millions d’euros supplémentaires.
Une concurrence redoutable
Le DHC-515, dernière évolution du Canadair CL-415, reste le concurrent direct. Avec une production déjà rodée et une réputation établie, il bénéficie d’une longueur d’avance difficile à rattraper. Hynaero, pour réussir, devra prouver que son hydravion offre une réelle valeur ajoutée, non seulement en termes de performance mais aussi de coûts d’exploitation et de maintenance.
La solution pourrait être européenne. Face à un coût de développement colossal, une coopération entre États européens permettrait de mutualiser les risques et de renforcer la capacité industrielle. Avec des déclinaisons possibles – transport, surveillance maritime – le marché potentiel du Fregate-F100 pourrait dépasser la seule lutte contre les incendies et se diversifier à l’échelle continentale.