2024 : l’effondrement silencieux des entreprises françaises

Plus de 70 000 entreprises ont tiré leur révérence en dix mois, un chiffre glaçant qui aurait autrefois fait la une. C’est un bond de 20 % en un an, un chiffre que l’on retrouve dans les pires souvenirs de la crise des subprimes. Cette hécatombe n’a rien d’une fatalité : elle est le résultat direct de décisions politiques brutales, comme la fin des aides d’urgence qui avaient permis aux entreprises de tenir pendant la pandémie

Dans cette conjoncture anxiogène, ce sont les plus petits acteurs, les TPE, qui tombent les premiers. Celles qui font vivre les centres-villes, les quartiers, les familles. 90 % des défaillances leur reviennent, emportant avec elles les rêves de milliers d’artisans, commerçants et sous-traitants. Une vague de défaillances qui n’épargne plus personne : les PME sont fragilisées par des coûts de production qui explosent, des dettes qui asphyxient, et une consommation à l’arrêt. Quant aux secteurs du bâtiment, du transport, ou encore du commerce interentreprises, ils subissent un double choc : une demande atone et des retards de paiement devenus la norme.

Le prix d’une économie sous perfusion

On nous dit que les aides ne pouvaient pas durer éternellement. Mais qui paie le prix de ce sevrage brutal ? Certainement pas les géants industriels, mais bien les structures familiales et locales, qui n’avaient ni les marges ni les reins assez solides pour absorber le retour d’une économie à plein régime. Derrière chaque cessation de paiement, ce sont des chaînes de valeur entières qui s’effondrent, affectant des milliers de travailleurs et autant de familles.

2025 : un fragile espoir conditionné à la politique

Les économistes évoquent un possible redressement en 2025, mais sous conditions : il faudrait que les pressions inflationnistes s’apaisent, que les coûts de l’énergie baissent et que la consommation intérieure reparte. Pourtant, ces projections sont une chimère sans une politique économique courageuse. L’État doit redevenir ce qu’il fut durant la pandémie : un rempart pour les petites structures, une boussole pour éviter que le tissu économique local ne se délite davantage.

Car un autre scénario est possible. Celui d’une économie où les investissements reprennent, où les TPE et PME retrouvent une marge de manœuvre, où la stabilité revient. Mais pour cela, il faudra choisir. Choisir d’aider les petites entreprises à se relever avant qu’il ne soit trop tard. Car dans cette économie où les défaillances s’accumulent, chaque silence est une résignation.


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