« Ne crois pas que ta vérité puisse être trouvée par quelqu’un d’autre. » La citation d’André Gide a marqué Pauline Laigneau. Elle y voit un contrepoint à un parcours scolaire exemplaire, mené sans remise en question fondamentale. Normale Sup, HEC, puis une orientation vers l’entrepreneuriat à 27 ans.
A contre-courant des codes du luxe
Elle ne part pas seule. Charif Debs, son futur mari, ingénieur de Centrale, est de l’aventure. Ensemble, ils choisissent un secteur peu accessible : la joaillerie. Ce choix n’est pas le fruit d’une analyse de marché. Il découle d’un constat personnel : l’offre classique de bagues de fiançailles ne leur convient pas. Ni l’esthétique, ni l’expérience en boutique, ni les prix.
À partir de cette insatisfaction, ils conçoivent une offre différente : des bijoux fabriqués en France, vendus en ligne, avec des prix maîtrisés. Ils lancent la marque Gemmyo en 2011. L’entrée se fait par les alliances et les bagues de fiançailles, avant d’élargir la gamme.
Le pari est risqué. Le secteur est conservateur. Mais le positionnement fonctionne. En 2013, Alven Capital injecte trois millions d’euros. En 2016, la rentabilité est atteinte. Gemmyo ouvre ensuite des boutiques physiques, d’abord en France, puis à l’international. Une dizaine sont ouvertes, la dernière au Japon.
Un podcast pour décrypter les parcours d’excellence
Pauline Laigneau ne se limite pas à cette réussite. En 2018, elle lance un podcast, Le Gratin. Elle y interroge des personnes reconnues dans leur domaine pour comprendre leur trajectoire. L’objectif affiché est d’en tirer des enseignements utiles. Le format trouve son public : plus de 40 millions d’écoutes.
Elle poursuit dans cette direction avec Demian, un programme de coaching destiné aux entrepreneurs. La formule est volontairement courte, pratique, en petits groupes. Une offre pensée en opposition aux formations longues et généralistes qu’elle a elle-même suivies.
AlterEgo : la nouvelle casquette créative de Pauline Laigneau
En parallèle, elle reste active chez Gemmyo. Depuis fin 2024, elle occupe pour la première fois le poste de directrice de création. Elle lance une nouvelle collection, AlterEgo. L’entreprise poursuit son développement à l’international, avec une attention portée aux spécificités locales.
« Je suis très excitée par le développement international, confie-t-elle. Cela me permet de me plonger dans d’autres cultures, comprendre la clientèle locale, adapter la marque et l’image aux particularités de chaque pays… tout en gardant notre ADN intact. »
Pauline Laigneau a suivi un parcours d’excellence avant de bifurquer. Elle a cherché à construire un modèle différent, dans un secteur peu ouvert aux nouveaux entrants. Elle combine aujourd’hui plusieurs activités, toujours centrées sur l’entreprise.
