Alphabet, la maison mère de Google, est sur le point de boucler la plus grande acquisition de son histoire en rachetant Wiz, une start-up spécialisée dans la cybersécurité dans le cloud. Montant des emplettes : plus de 30 milliards de dollars.
Un record absolu pour le géant de Mountain View. L’été dernier, un premier essai à 23 milliards de dollars avait capoté, sur fond d’inquiétudes réglementaires. Mais cette fois, Google revient à la charge avec un chèque plus lourd, un signal fort dans un marché des fusions-acquisitions en pleine recomposition. Reste à voir si les régulateurs américains laisseront faire.
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Un pari stratégique pour Google Cloud
Pourquoi Google est-il prêt à payer une telle somme ? L’enjeu est clair : rattraper son retard sur Amazon et Microsoft dans le cloud. Google Cloud affiche 12 % de part de marché, loin derrière AWS (30 %) et Azure (21 %), selon Synergy Research Group. Wiz, qui a su séduire les entreprises avec ses solutions de cybersécurité cloud, pourrait lui offrir un atout précieux. Son chiffre d’affaires récurrent annuel (ARR) atteignait 500 millions de dollars en juillet, avec l’ambition d’atteindre 1 milliard en 2025. Un moteur de croissance idéal pour Google Cloud.
Les produits de Wiz s’intègreraient parfaitement à l’offre de Google Cloud. De quoi convaincre Thomas Kurian, patron de la division cloud, de relancer l’offensive après l’échec de l’an dernier.
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Un deal sous haute surveillance
Ce premier échec n’avait rien d’un simple désaccord commercial. Wiz redoutait des retards réglementaires, dans un climat où l’administration Biden traque les acquisitions des géants de la tech. Les négociations avaient aussi buté sur une question clé : Wiz devait-elle rester une entité distincte ou être absorbée par Google Cloud ? Désormais, Google revient avec un prix revu à la hausse.
Mais la partie est loin d’être gagnée. Alphabet fait face à plusieurs procédures antitrust aux États-Unis, et la menace d’un démantèlement plane toujours. Certes, certains investisseurs espèrent que la nouvelle administration sera plus clémente. L’arrivée de Donald Trump alimente l’idée que les fusions-acquisitions pourraient repartir à la hausse, surtout avec Andrew Ferguson à la tête de la FTC. Mais pour l’instant, rien n’est joué.
Une licorne israélienne en or
Wiz n’est pas une start-up comme les autres. Fondée en 2020 par quatre anciens militaires israéliens, dont le PDG Assaf Rappaport, elle a vite conquis les fonds de capital-risque de la Silicon Valley : Sequoia, Andreessen Horowitz, Index Ventures… Pas vraiment des amateurs. Avant Wiz, ses fondateurs avaient déjà créé Adallom, une autre pépite de la cybersécurité, revendue à Microsoft pour 320 millions de dollars.
La valorisation de Wiz a explosé en quelques années. 12 milliards de dollars en mai dernier, 16 milliards lors de la dernière offre de rachat d’actions. Une IPO en 2025 ? Officiellement, Wiz n’en parle pas. Mais l’arrivée d’un nouveau directeur financier, Fazal Merchant, intrigue. En attendant, l’entreprise travaille avec Google, Amazon et Microsoft. Un porte-parole de Wiz a refusé de commenter l’opération.
Un chèque jamais vu chez Google
Si l’accord se concrétise, ce sera la plus grosse acquisition de l’histoire de Google. Pour comparer, Motorola Mobility en 2012 avait coûté 12,5 milliards de dollars. Fitbit, en 2021, 2,1 milliards. Nest Labs, en 2014, 3,2 milliards. Avec 30 milliards, Google ferait exploser son plafond. Une prime colossale par rapport aux 16 milliards de valorisation récente de Wiz.
Ce rachat est un test pour Google, mais aussi pour le marché de la tech. Si le deal passe, il pourrait ouvrir la voie à une nouvelle vague d’acquisitions. Si les régulateurs bloquent, c’est tout un secteur qui devra revoir ses ambitions. L’enjeu dépasse largement les murs de Mountain View.