La perte de 148 milliards de dollars du patrimoine d’Elon Musk en moins de deux mois marque un tournant spectaculaire pour l’homme d’affaires, patron de Tesla, SpaceX et X (anciennement Twitter). Cette chute, qui coïncide avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, met en lumière un ensemble de facteurs économiques, politiques et industriels qui ont précipité cette érosion de richesse.
A LIRE AUSSI
Elon Musk est-il en train de couler Tesla ?
Dégringolade
La dégringolade financière d’Elon Musk s’inscrit dans un climat de fortes turbulences économiques. Depuis l’investiture de Donald Trump le 17 janvier, les marchés boursiers américains évoluent dans un contexte incertain, marqué par un ralentissement économique et une possible récession. L’approche protectionniste du nouveau président, notamment en matière de politique tarifaire, génère des tensions commerciales et un climat d’instabilité sur les marchés financiers.
L’effondrement de la fortune de Musk s’inscrit dans une tendance plus large affectant d’autres grands noms de la tech et du luxe. Depuis le 17 janvier, les cinq plus grandes fortunes mondiales ont perdu un total de 209 milliards de dollars. Jeff Bezos (Amazon) a vu son patrimoine fondre de 29 milliards de dollars, Sergueï Brin (Alphabet) de 22 milliards, Mark Zuckerberg (Meta) de 5 milliards et Bernard Arnault (LVMH) de 5 milliards. Malgré ces pertes, celle de Musk demeure la plus spectaculaire, notamment en raison de la chute brutale de Tesla.
Tesla, cause de l’hémorragie financière
La fortune d’Elon Musk est étroitement liée à Tesla, dont il détient une part substantielle du capital. Or, la valorisation boursière du constructeur automobile a fondu de 900 milliards de dollars en trois mois, entraînant un effondrement mécanique de la richesse du milliardaire. Le lundi 11 mars, l’action Tesla a chuté de 15 % en une seule journée, réduisant la fortune de Musk de 29 milliards de dollars en quelques heures. Depuis décembre, la valeur boursière de Tesla a été divisée par deux, témoignant d’une profonde crise de confiance des investisseurs.
Plusieurs facteurs expliquent cet effondrement. D’abord, les performances commerciales du constructeur sont en net recul sur des marchés clés. En Allemagne, les ventes ont chuté de 70 % sur les deux premiers mois de l’année. En Chine, elles ont plongé de 87 % en février, avec seulement 3 911 véhicules écoulés, un niveau historiquement bas. Pendant ce temps, le concurrent chinois BYD a vu ses ventes grimper de 90 % sur la même période.
L’image de Tesla souffre également de l’absence de nouveaux modèles marquants et d’un retard technologique sur la conduite autonome. La marque est de plus en plus critiquée pour ses modèles vieillissants, et la nouvelle version du Model Y, actuellement en cours de déploiement, ne semble pas convaincre. En Europe, la marque subit aussi un rejet croissant des consommateurs, en partie à cause des prises de position politiques de Musk, jugées trop marquées à droite.
En parallèle, la polarisation politique du patron de Tesla a conduit à des appels au boycott. Sur les réseaux sociaux, certaines personnalités influentes, comme l’écrivain et influenceur tech Robert Scoble, dénoncent un rejet grandissant de la marque.
Enfin, des actes de vandalisme visant Tesla se multiplient. Début mars, une douzaine de véhicules de la marque ont été incendiés à Toulouse par un groupe se revendiquant d’un collectif anarchiste. Aux États-Unis, plusieurs bornes de recharge Tesla ont été ciblées, et quatre véhicules ont pris feu à Seattle dans des circonstances suspectes.
Musk et Trump : une alliance risquée
L’engagement politique d’Elon Musk et son rapprochement avec Donald Trump jouent un rôle clé dans la dynamique actuelle. En plus d’être présenté comme un « proche conseiller » du président, Musk co-dirige une commission visant à réduire drastiquement les dépenses de l’État fédéral, un rôle qui polarise l’opinion publique. Si ce positionnement lui assure le soutien d’une frange conservatrice, il pourrait également aliéner une partie de sa clientèle, en particulier dans les cercles progressistes et sur les marchés internationaux.
Conscient des tensions autour de Tesla, Donald Trump a tenté d’apporter son soutien à Musk en déclarant publiquement qu’il allait acheter une « toute nouvelle Tesla » le mardi 11 mars. Sur Truth Social, il a affirmé : « Elon Musk monte au front pour aider notre nation, et il fait un TRAVAIL FANTASTIQUE ! Je vais acheter une Tesla toute neuve demain matin en signe de confiance et de soutien. » Musk a simplement répondu sur X : « Merci président. »
