Chute vertigineuse des ventes en Europe, valorisation boursière en berne, image écornée par un patron qui a basculé à l’extrême droite, concurrence plus affûtée que jamais : les signaux d’alerte clignotent de toutes parts. Simple turbulence ou début de la fin pour le géant de l’électrique ?
Les chiffres qui font peur
L’année 2024 avait déjà marqué un tournant pour Tesla avec une première baisse annuelle des ventes depuis longtemps : 1,79 million de véhicules vendus, contre 1,81 million en 2023. Un léger recul en apparence, mais un choc pour un constructeur habitué à une croissance effrénée. En ce début 2025, les nouvelles sont pires : Tesla s’effondre en Europe.
Voici les pourcentages de baisse de ventes par pays depuis le début de l’année :
- Allemagne : -76 %
- France : -44 %
- Norvège, Suède, Danemark : entre -42 % et -48 %
- Autriche, Suisse : -70 %
- Italie : -50 %
- Belgique : -54 %
Le recul est mondial. Les ventes en Australie ont chuté de 70 %. En Chine, l’un des principaux marchés de Tesla, la baisse s’élève à 49 %. Seuls les États-Unis résistent, avec un recul de « seulement » 5 % en février. La Bourse suit cet effondrement industriel : Tesla est repassé sous les 1 000 milliards de dollars de capitalisation, effaçant un an de progression. Depuis décembre, un tiers de sa valeur s’est évaporé… Elon Musk aurait vu sa fortune se réduire de 116 milliards de dollars, selon Forbes.
Elon Musk, boulet de Tesla ?
Tesla, c’est aussi Musk. Génie visionnaire pour les uns ; électron libre incontrôlable pour les autres. Ces derniers mois, ses prises de position politiques ont déclenché un tollé. Son soutien affiché à Donald Trump et à l’extrême droite européenne refroidit une partie de la clientèle. Résultat : boycotts, actes de vandalisme ciblés (incendie criminel d’un Tesla Store en France, tags nazis sur des concessions en Europe) et un effet durable sur l’image de marque.
Dan Ives, analyste chez Wedbush, ne mâche pas ses mots : « Les frasques de Musk pourraient avoir un effet préjudiciable de long terme sur Tesla ». Et même au sommet, on doute : Robyn Denholm, présidente du conseil d’administration de Tesla, a discrètement liquidé 117 millions de dollars d’actions de l’entreprise en trois mois.
Une concurrence en embuscade
Autrefois seule sur son créneau, Tesla voit aujourd’hui une armée de rivaux grignoter son empire. Skoda, Mercedes, Hyundai, Peugeot, Porsche, Audi, Volvo : la plupart des constructeurs proposent aujourd’hui des véhicules électriques ayant des niveaux de standing équivalents à celui des modèles fabriqués par Tesla. En Chine aussi, les marques locales montent en puissance. Le géant BYD a vendu plus de voitures électriques que Tesla au dernier trimestre 2024. Une première historique.
La bataille du Model Y
Tout n’est pas noir pour autant. Le Model Y reste la voiture la plus vendue au monde en 2023 et 2024. Son renouvellement imminent pourrait redonner un coup de fouet aux ventes. De plus, Tesla cartonne sur le marché de l’occasion, preuve d’un attrait intact. Autre paradoxe : au Royaume-Uni, les ventes ont progressé de 21 % en février. Une exception qui prouve que tout n’est pas perdu. Et puis, Tesla conserve son trésor de guerre : son réseau de Superchargeurs, toujours inégalé.
L’avenir immédiat de Tesla repose en grande partie sur le lancement réussi du nouveau Model Y, commercialisé en France depuis fin janvier. Selon les analystes, en cas de succès commercial de ce nouveau modèle, Tesla pourrait inverser la dynamique négative. En cas d’échec, en revanche, le ciel s’assombrirait pour le constructeur américain. Ajoutez à cela un Elon Musk toujours plus clivant, une pression boursière constante et une guerre ouverte avec les constructeurs chinois, et l’avenir de Tesla n’a jamais paru aussi incertain.