Ce glissement progressif n’est pas sans conséquences. Les retards de paiement, qui s’élèvent en moyenne à 12,9 jours au premier semestre 2024, atteignent leur niveau le plus élevé depuis la crise de la Covid-19. Derrière ces chiffres se cache un mécanisme insidieux : chaque jour supplémentaire asphyxie les trésoreries des petites structures, renforçant leur vulnérabilité face aux pressions économiques.
Les TPE, premières victimes
Les très petites entreprises (TPE) sont en première ligne. Avec des retards moyens de 45 jours, contre 38 pour les PME et 32 pour les grandes entreprises, ces petites structures subissent un déséquilibre structurel qui menace leur viabilité. Plus alarmant encore, 73 % des TPE ont constaté une aggravation de ces retards en 2024, contre 55 % seulement pour les grandes entreprises.
Une menace sectorielle
Les secteurs les plus critiques, comme l’automobile, l’énergie, ou encore la pharmacie, enregistrent des retards dépassant fréquemment les deux mois. Cette situation reflète une inadéquation flagrante entre les impératifs de liquidité et les comportements financiers des acteurs économiques, exacerbée par des difficultés organisationnelles et un manque de discipline financière.
Des impacts majeurs sur la santé économique
Les conséquences de ces retards sont dévastatrices : une augmentation de 25 % à 40 % du risque de défaillance des entreprises concernées. En témoigne le chiffre de 39 506 défaillances enregistrées sur les sept premiers mois de 2024, soit une hausse de 23 % par rapport à 2023. Ces données ne sont pas de simples symptômes ; elles constituent des indicateurs avancés d’une fragilité économique persistante.
Comprendre les causes
Trois facteurs principaux expliquent cette dynamique : les difficultés financières des clients (40 % des cas), les problèmes organisationnels (27 %) et une gestion délibérée des flux de trésorerie (20 %). Ce dernier point, en particulier, illustre une stratégie de report systématique qui pénalise les maillons les plus faibles de la chaîne.
Les leviers d’action possibles
Face à cette situation, la DGCCRF a intensifié ses contrôles : 248 entreprises ont été inspectées entre janvier et mai 2024, entraînant des amendes cumulées de près de 30 millions d’euros. Cependant, l’efficacité de ces sanctions reste limitée si elles ne s’accompagnent pas de réformes structurelles pour raccourcir les délais de paiement et favoriser une discipline financière.
Perspectives pour 2025
Les prévisions pour 2025 restent mitigées. Si 51 % des PME anticipent un statu quo, 24 % craignent une détérioration de leur situation financière. Les TPE, quant à elles, se montrent plus pessimistes, avec 30 % envisageant une dégradation. Sans intervention ambitieuse, ce problème risque de freiner durablement la compétitivité de l’économie française.